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Les critiques de Bifrost

Récits des coins d'ombre

Récits des coins d'ombre

Claude MAMIER
OXYMORE
263pp - 13,80 €

Bifrost n° 33

Critique parue en janvier 2004 dans Bifrost n° 33

Alors que Claude Mamier et son copain Dul sont partis sur le sentier du conte pour mille jours éparpillés aux vents de quatre continents (www.1000jours1001nuits.net), il m'a semblé impératif de critiquer le premier recueil de Claude, un ouvrage constitué principalement d'inédits.

Bien que je répugne à commencer cette critique par sa conclusion et à égratigner les histoires d'un type qui ose partir faire un tour du monde littéraire de près de trois ans, il est clair que je suis déçu (d'autant plus qu'il m'a fallu ramer pour arriver à la fin de certains des textes réunis ici). Si Claude Mamier possède un style en devenir assez intéressant (clarté et précision, alors que d'autres préfèrent la spirale adjectivale et l'esbroufe), s'il a des images plein la tête et des obsessions itératives — notamment celles de « La Mort personnifiée et du cocufiage » —, reste que ce livre (magnifique objet) ne vaut pas les presque quatorze euros qu'il coûte. Mamier a du talent, oui ; son éditrice n'en a aucun ; ou alors ils ne se sont pas compris. Sinon comment expliquer ces nouvelles parfois construites sur des idées formidables, mais qui, au fil de la lecture, se révèlent totalement insatisfaisantes : « Les Aiguilles », « On a little road to nowhere » ou « De sous les ruines de mon pays », qui semble être le texte le plus personnel de l'ouvrage. Tout aussi embêtant, Mamier a lu Stephen King et ne s'est pas encore libéré de cette influence (c'est criant dans « Les Aiguilles », qui ressemble trop à Bazaar). Notre jeune écrivain a aussi vu un certain film où des immortels se décapitent à coups de katana, ce qui lui a inspiré « Jusque à ce que la mort », une sorte d'Highlander mou du nœud dans lequel intervient, mal, la Faërie.

Voilà un auteur entier qui n'hésite pas à placer ses récits aux U.S.A, en Irlande et ailleurs, et qui n'arrive pas encore à faire oublier ses origines françaises, sa pensée typiquement frenchy (et un rien altermondialiste bon teint). Il lui manque le détail qui tue et la pertinence psychologique ; une pertinence qui fait cruellement défaut dans le texte le plus faible de ce recueil, « Néo-Amsterdam », une nouvelle de S-F glauque à souhait et creuse à en crever. Pour conclure, ce livre n'est pas un grand livre, mais c'est sans doute l'acte de naissance d'un futur grand auteur.

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