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Les critiques de Bifrost

Rédemption

Rédemption

Jamie SAWYER
L'ATALANTE
124pp - 13,50 €

Bifrost n° 90

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Mécanicienne sur l’Edison, un petit caboteur commercial, Taniya Coetzer s’apprête à débarquer avec les quelques membres d’équipage de son vaisseau sur la gigantesque station Cap-Liberté. L’avenir des marchandises placées dans la soute lui importe peu. Elle a d’autres préoccupations : elle va enfin revoir sa mère. Elle ne lui a pas parlé, ou si peu, depuis près de six ans. Sortie du pénitencier deux années plus tôt, elle attend impatiemment ce jour capital pour elle. Angoissant aussi, car elle va devoir se justifier et regagner la confiance de cette mère devenue si lointaine.

Toutefois, rien ne va se dérouler comme prévu. Dès le début, des parasites envahissent les transmissions entre l’Edison et la station. Et les anomalies, en apparence anodines, s’accumulent. D’un seul coup, Taniya et ses collègues se retrouvent aux prises avec des forces contraires et puissantes, au centre d’un maelström de destructions. Ballottés comme des fétus de paille, ils vont, bien malgré eux, vivre l’Histoire, celle qui est racontée dans les livres. Celle où figure Lazare (le personnage central de la série, présent uniquement à travers une publicité et des clones dans ce court roman). Heureusement, certains d’entre eux sont préparés à ce genre de situations. Heureusement aussi, d’autres vont se découvrir des ressources insoupçonnées.

Rédemption propose en fait une aventure parallèle à l’intrigue principale de la trilogie « Lazare en guerre ». On ne retrouve aucun personnage croisé auparavant (à part, donc, des images de Lazare). Mais l’univers est le même : lieux, atmosphère, créatures sont dans la droite ligne des précédents volumes. Et la lecture de ce récit ne doit pas être négligée. Elle est en effet capitale si l’on veut comprendre la destruction de la station Cap-Liberté dont Lazare aperçoit les ruines à la fin de La Légion, deuxième volume de la trilogie.

Quant à l’histoire elle-même, Jamie Sawyer conserve ses habitudes : un personnage central tourmenté, avec des problèmes de famille (la mère de Taniya remplace ici la femme, puis la sœur de Lazare) ; une situation conflictuelle opposant les membres de l’Alliance à ceux du Directoire, avec l’intervention violente des Krells. Des combats, de la testostérone, des cadavres. Rien de bien neuf donc. Mais un savoir-faire évident, source d’un réel plaisir de lecture, qu’accentuent la brièveté de l’histoire et son côté resserré et donc plus intense. Ce court roman se déguste comme un petit bonbon suçoté entre deux repas. Et il permet de patienter jusqu’à la publication d’Origines, l’ultime tome des aventures de Lazare, prévue cette année.

Raphaël GAUDIN

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