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Les critiques de Bifrost

Renégats

David GEMMELL
MNÉMOS
360pp - 21,50 €

Critique parue en janvier 2003 dans Bifrost n° 29

Ils étaient neuf, les neuf chevaliers de la Gabala, armés par Ollathair. Ils ont passé le Portail pour vaincre le Mal et n'en sont jamais revenus. C'est ce que dit l'Histoire. Mais en réalité l'un d'entre eux, Manannan, a eu peur. Il n'est pas passé de l'autre côté et, depuis six ans, il recherche Ollathair, le forgeron/magicien qui pourra lui retirer le heaume magique dans lequel son visage à la barbe envahissante est emprisonné. Ollathair est toujours vivant, mais il est en danger. En confiant des bottes magiques à l'esclave Lug, il a apporté la preuve de sa survie à ses ennemis. Résultat, le devin Okessa est à sa recherche. Ainsi que huit chevaliers rouges…

Voilà un livre de quatre cents pages environ que l'on dévore d'une seule traite. Les personnages sont touchants, profondément humains, les scènes d'action sont nombreuses et au-delà de la page 68, une fois toutes les pièces du jeu mises en place, la tension ne faiblit plus. David Gemmell mêle et détourne dans cette aventure (trop) musclée trois des plus importants icônes du panthéon britannique : Robin des bois (ici appelé Llaw Giffes), les chevaliers de la table ronde (les neufs chevaliers de la Gabala, avec Ollathair dans le rôle de Merlin et Lug dans le rôle d'Arthur) et Ivanhoé (pour les heaumes cylindriques et la reconstitution, parfois foireuse, d'une époque). Par ailleurs, Gemmell en profite pour dénoncer le racisme et l'antisémitisme (en décrivant l'anti-nomadisme qui sévit dans les Neuf Duchés avec ses pogroms et ses charniers). Il profite aussi de cet ouvrage « one shot » pour proposer un système de magie basé sur les couleurs, dans lequel entrent en ligne de compte certains préceptes alchimiques.

Nombre de lecteurs pensent à tort que Légende, le premier ouvrage de l'auteur, était son chef-d'œuvre. Renégats (mais aussi Morningstar — encore inédit en France), qui fait montre de trouvailles et d'une maîtrise narrative qui manquent cruellement à Légende, nous prouve le contraire.

Voici donc une belle aventure que celle de ces Renégats. Certes. Mais une belle aventure dans une édition française indigne. Beaucoup de maladresses de traduction (« Toute la tristesse qu'il éprouvait était pour lui alors qu'il contemplait la statue », page 14), des anachronismes et des tournures mal venues (ainsi, page 33, l'expression médiévale archi-connue « bien roulée » !), des erreurs typographiques récurrentes qui rendent la lecture pénible : tirets de dialogue oubliés, guillemets ouverts et fermés n'importe où, n'importe comment. Sans oublier quelques problèmes rhétoriques ou mathématiques évidents, telle la perle suivante : « Ollathair a été l'apprenti de son père en 1157 à l'âge de treize ans. Il lui a succédé en 1170. Il devait donc avoir trente-six ans » (page 61). Plutôt vingt-six, my dear. On conclura donc cette critique sur l'adage bien connu mais en ce cas précis toujours d'actualité : « Si les correcteurs/correctrices de Mnémos ont un autre travail, surtout, qu'ils/elles le gardent ! »

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