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Les critiques de Bifrost

Rétrograde

Peter CAWDRON, Andrew RADER
DENOËL
304pp - 21,00 €

Critique parue en janvier 2019 dans Bifrost n° 93

Quantité de choses sont rétrogrades sur Terre : Philippe de Villiers, n’importe quelle engeance fondamentaliste… et le mouvement apparent de Mars. Son orbite étant plus large que celle de la Terre, la planète rouge, vue depuis chez nous, semble parfois reculer dans le ciel. Et c’est précisément sur Mars, alors en phase rétrograde, que l’auteur australien Peter Cawdron a situé le cadre de son dixième roman (mais premier à paraître en français).

Dans un futur proche, une colonie scientifique a été établie sur Mars, fruit de la coopération entre différentes agences spatiales. Dans la sécurité de leur habitat souterrain, quelque cent vingt chercheurs de plusieurs nations – USA, Russie, Chine, Europe, Inde — y travaillent en bonne entente. Une cordialité vite balayée lorsque parvient la terrible nouvelle : une guerre nucléaire vient d’éclater sur Terre (et non sur Mars, comme le laisse supposer la couverture), sans le moindre signe avant-coureur. Pour Liz Anderson et les autres se pose alors la question de la survie tandis que les rivalités nationales resurgissent. Une survie d’autant plus menacée à mesure que les sabotages – causés par qui ? – amenuisent la marge de manœuvre des scientifiques…

C’est peu dire que Mars a été intensivement explorée, de façon exotique par Edgar Rice Burroughs, poétique par Ray Bradbury, écologico-politique par Kim Stanley Robinson, voire survivaliste par Andy Weir. Peter Cawdron inscrit son roman dans la lignée de Seul sur Mars : à vrai dire, c’est Seul sur Mars, mais au pluriel. L’aspect réaliste de Rétrograde est solide, crédible, et il s’agit probablement de la plus grande qualité du récit. Pour le reste… ce n’est pas folichon : personnages falots, style neuneu, intrigue peu inspirée, pour un résultat oubliable. En fait, ce roman aurait déjà été oublié, n’eût été l’espace éditorial dans lequel il est paru. La présence de Rétrograde au sein de « Lunes d’encre », collection habituellement plus exigeante et pointue dans ses choix, a de quoi surprendre… voire interroger quant à sa suite.

Erwann PERCHOC

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