George R.R. MARTIN
PYGMALION
32,00 €
Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90
Attention, bible !
Surfant de nouveau sur la marée du succès « Game of Thrones », Pygmalion propose un recueil des textes courts (et moins courts) de George R. R. Martin. Et pas n’importe lesquels ! Ceux exhumés du bazar du grenier, ceux d’avant la série télévisée, ceux d’avant le succès populaire international. Pour les fans, un trésor. Pour les autres, une découverte de poids, dense et savante.
En effet, contrairement à ce que peut croire le lecteur qui a découvert l’écrivain avec la saga du « Trône de Fer » (sans parler de ceux qui ne l’ont découvert que grâce à la série télévisée), le sieur Martin sévit depuis des décennies dans le domaine des littératures de l’Imaginaire, accompagné depuis le début d’une reconnaissance des critiques. Comme le montrait déjà le Bifrost n°67, Martin est un touche-à-tout prolifique qui s’amuse aussi bien avec la fantasy qu’avec l’horreur ou la SF.
Ainsi, cet énorme recueil regroupe de façon ordonnée et intelligente les textes écrits avant 2003, souvent déjà traduits et publiés, ici et là, dans des magazines et divers autres recueils de nouvelles. Comment présenter un tel ouvrage ? Il est si hétéroclite et balaie un champ si large, à l’image de la puissance créatrice de son auteur, qu’on y trouve vraiment de tout et pour tous les goûts. Chaque partie (neuf en tout, sans compter les annexes) est introduite par quelques pages de Martin retraçant et commentant son passionnant parcours. Et vient ensuite le temps de se plonger avec curiosité (et souvent plaisir) dans les nouvelles et autres écrits. On y découvre les premiers prix (Hugo, Nebula, entre autres), les scénarios, les jeux de mots… Bref, un éventail représentatif de ce conteur prolixe, caméléon habitué à tisser les histoires pour le simple plaisir de raconter, de partager, peu importe le genre.
Quelques illustrations de Michael Wm. Kaluta procurent des respirations bienvenues au milieu de ces pages si remplies. Et, afin d’éviter l’indigestion, il est recommandé de laisser le pav… livre à portée de mains, pour y revenir souvent, pendant plusieurs semaines (voire mois). Et surtout de l’ouvrir à portée de table, l’objet faisant plus de deux kilos (d’un papier fin se déchirant si facilement…). À se demander pourquoi les éditions Pygmalion n’ont pas coupé (pour une fois, de façon justifiée) le tout en plusieurs tomes thématiques. Avis aux éditions J’ai Lu pour la reprise poche, filon à creuser…