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Les critiques de Bifrost

Saletés d'hormones et autres complications

Saletés d'hormones et autres complications

Ketty STEWARD
GOATER
304pp - 15,00 €

Bifrost n° 111

Critique parue en juillet 2023 dans Bifrost n° 111

Si vous ne connaissez pas déjà Ketty Steward, le recueil Saletés d’hormones et autres complications est la porte d’entrée idéale pour découvrir sa plume. Ce livre regroupe différents textes déjà parus ailleurs dans différentes anthologies, ou proposé et refusé pour des anthologies thématiques, intercalant chaque nouvelle avec des poèmes, là aussi bien dans les thématiques abordées par l’autrice. De quoi parle Saletés d’hormones et autres complications ? De féminité. Du corps des femmes, de la maternité, qu’elle soit voulue ou refusée, de la filiation, du racisme, de la peur de vieillir ou de l’acceptation de l’âge, de la douleur, de la violence subie et renvoyée… Vaste programme, n’est- ce pas ? Et pourtant, ne vous détournez pas. Les nouvelles du recueil sont souvent courtes et percutantes, à l’image de « Saletés d’hormones », de « Dolorem Ipsum », de« Supervision »ou de « HeLa est là ». Elles sont organiques, bourrées d’émotions et parfois mystiques, comme « Les Flûtes de Peels » ou « Le Meilleur de l’Humanité ». Ce sont pourtant toujours pleinement des nouvelles de science-fiction parlant parfois d’un futur très proche (« Blanche-Neige et le triangle quelconque », « Mère, suffisamment bonne ») ou bien plus lointain (« Un Jeu d’enfant »), mais qui forcent le lecteur ou la lectrice à faire un pas mental de côté pour pleinement les apprécier. L’alternance entre prose et vers, voulue, le poème qui suit la nouvelle sert souvent d’épilogue ou de coda au texte qu’il précède. Ainsi, mine de rien, ligne après ligne, texte après texte, Ketty Steward raconte ce que signifie être une femme hors des canons hollywoodiens de beauté et des stéréotypes fonctionnels (le fameux « care » associé à la femme et à la mère) dans notre xxie siècle pas si émancipé que cela. Le tout sur un ton intime, et avec suffisamment de légèreté pour ne pas transformer son livre en pur essai militant, et en gardant à l’esprit le propre de la littérature de l’Imaginaire : distraire et étonner son public. Mission accomplie !

Stéphanie CHAPTAL

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