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Les critiques de Bifrost

Schémas artificiels

Schémas artificiels

Martha WELLS
L'ATALANTE
128pp - 11,50 €

Bifrost n° 98

Critique parue en mai 2020 dans Bifrost n° 98

Avec Défaillances systèmes, premier volume de la série « Journal d’un AssaSynth », l’américaine Martha Wells avait décroché la Lune : Hugo, Nebula et Locus, rien que ça. Depuis, les éditions L’Atalante nous ont offert la totalité de cette série de novellas en français, soit un total de quatre volumes.

Dans Schémas artificiels, AssaSynth, notre héros de métal et de chair, se fait passer pour un humain augmenté, consultant en sécurité au service de scientifiques pris dans un imbroglio politico-commercial. Iel y découvre l’amitié d’EVE (ou Emmerdeur de Vaisseau Expéditionnaire) ainsi que celle, plus humaine et inattendue, de Tapan.

Pour Cheval de Troie, c’est dans une nouvelle mission « eh, merde » que se lance la SecUnit, sur la planète Milu, lorsqu’iel décide de confondre les activités illégales de GrayCris au sein d’une usine de terraformation servant en réalité à la contrebande d’artefacts xénos.

Enfin, Stratégie de sortie réunit AssaSynth et l’équipe du Dr Mensah pour faire définitivement tomber GrayCris et offrir une porte de sortie à l’androïde désormais plus prochain de l’être humain que de la machine.

La recette entre les différents volumes ne change guère et les lecteurs conquis par Défaillances systèmes seront ravis des péripéties nouvelles de ce héros hautement attachant. Martha Wells parvient à trouver l’équilibre parfait entre humour, action et réflexion anthropologique à l’ère posthumaine. AssaSynth s’humanise au fur et à mesure de ses aventures… tout en restant critique par rapport à la médiocrité des humains ordinaires. Ce constant décalage apporte une fraîcheur bienvenue au récit et contribue à augmenter le capital sympathie à l’égard de la SecUnit de façon exponentielle. Sa manie de binge-watcher des séries improbables aux allures de telenovelas (Lune Sanctuaire et ses multiples itérations) offre également un double effet Kiss-cool au récit : rapprocher le héros de notre propre époque tout en offrant une mise en abyme de ses propres aventures rocambolesques. D’une certaine façon, AssaSynth vit ses propres telenovelas, entre confrontations, cliffhangers et histoires sentimentales.

L’autre point fort de cette série, c’est d’offrir au lecteur de l’action lisible et parfaitement maîtrisée sans que cette dernière n’étouffe jamais la réflexion sur l’éveil intellectuel et émotionnel du protagoniste. Au fil des différents volumes, AssaSynth apprend ainsi à tolérer puis accepter ses sentiments biologiques, avec tout l’humour et la distanciation d’une entité artificielle.

Nerveuse, addictive et toujours rafraîchissante, la série de Martha Wells s’impose comme un divertissement science-fictif de qualité qui sait aller plus loin que le blockbuster bas du front qu’il aurait pu devenir avec le temps.

Nicolas WINTER

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