Grégory DA ROSA
MNÉMOS
384pp - 19,50 €
Critique parue en juillet 2017 dans Bifrost n° 87
Un nouvel auteur. Une nouvelle fantasy.
Une ville : Lysimaque. Sorte de Paris du bas Moyen Âge qui un beau jour se retrouve assiégée, en proie à de noirs complots. Au beau milieu de ce panier de crabes, Philippe Gardeval, grand sénéchal et roturier bien qu’ami du roi et principal personnage de ce roman écrit à la première personne, puisque c’est lui-même qui nous conte les événements.
Un univers à la cosmogonie bien étrange où, jadis, trois mondes orbitaient autour du soleil, le Paradis en étant le plus proche, l’Enfer le plus lointain, et entre les deux le monde des hommes. Ces trois mondes ont fini par exploser et les puissances divines en ont reconstitué un unique à partir des débris des trois autres, où une frontière terrestre défendue par un mur sépare les terres des hommes des territoires infernaux. Dans ce monde où la religion occupe une place de choix, voisinant avec la magie, certains entendent unifier les royaumes des hommes en un unique empire pour faire face au monde démoniaque. Ce qui passe par la conquête de Lysimaque…
Un empoisonnement qui n’a peut-être pas atteint son but? ; un combat de rue dans la ville basse grouillante de plèbe? ; un affrontement thaumaturgique avec un ange dont la déchéance fait question? ; des pourparlers pour ne rien dire. Gregory Da Rosa pose un univers et des personnages non dénués d’intérêt.
Ce roman est très manifestement le premier tome d’une série, or rien ne nous l’indiquait a priori. Ce n’est qu’en arrivant au terme du livre que l’on découvre qu’il ne s’agit nullement d’un one-shot – ce qui agace passablement : vendre la partie pour le tout est un procédé pour le moins cavalier, le lecteur désireux de connaître le fin mot de cette histoire étant contraint de remettre au pot. Ce premier tome n’est que l’ouverture, comme on dit aux échecs…
Ceci mis à part, le livre est prenant, la lecture agréable. Gregory Da Rosa parsème son livre de mots rares et de formules désuètes qu’il se doit d’expliquer par force notes de bas de page. On ne compte plus les « céans », « icelle » et « icelui », qui visent à créer un effet de langage particulier. Mais quand les personnages en viennent à jurer, ils le font avec la plus désarmante modernité…
Voici encore un premier roman qui mérite que l’on s’y attarde… Une affaire à suivre, donc.