Jean-Claude DUNYACH
L'ATALANTE
128pp - 9,50 €
Critique parue en novembre 2007 dans Bifrost n° 48
L'Atalante a entrepris de réunir l'intégrale des nouvelles de Jean-Claude Dunyach, qui est réputé, sur la forme courte, pour être le meilleur auteur français de S-F, à tout le moins le meilleur styliste. Pour le style, on veut bien. Pour ce qui est de la S-F, les choses méritent d'être nuancées…
Ce volume comporte sept récits : deux qui s'apparentent au (nouveau) space opera (« Séparation », « Trajectoire de chair ») ou à la veine anticipative traditionnelle (« La Ronde de nuit », « Libellules ») ; un autre hors norme (« Autoportrait ») ; les deux derniers traduisant une évolution récente, vers la pochade et/ou la fantasy (« Une place pour chaque chose », « La chevelure du saule »). À défaut d'être bienveillant avec la presse (l'Atalante ne nous ayant pas fait parvenir le présent recueil, sans qu'on sache trop pourquoi…), l'éditeur peut au moins se targuer de savoir composer un recueil : celui-ci fait montre d'une belle unité thématique, donnant à réfléchir, entre autres, sur la démarche artistique, l'absurdité des actions humaines, l'évolution de l'intelligence. Sept nouvelles : autant de fables tragiques, noires, cruelles. Une réflexion cependant : où Dunyach jeune savait prendre des risques (voir la nouvelle « Autoportrait »), l'auteur mature semble parfois plus frileux. Des thèmes nouveaux chez lui sont déjà anciens chez d'autres. Comme s'il se réfugiait dans sa méthode. Voilà peut-être le plus grand danger pour lui : quand le style agit comme un échappatoire, aux dépends d'une forme de dépassement des idées qu'autoriseraient ses intuitions et sa technique littéraire.
Le style, donc. Comme toujours chez Dunyach, nous sommes en présence de récits à la fois très structurés et très stratifiés, servis par une écriture fluide, toute en retenue, presque minimaliste. Le recours à un imaginaire varié, allié à cette remarquable économie d'effets, le rapproche aujourd'hui d'écrivains comme Francis Berthelot ou Châteaureynaud, et par conséquent marque dans sa carrière une possible évolution.
Rompre définitivement avec la S-F, pour Dunyach, est-ce possible et même vraisemblable ? On ne sait. En tout cas, S-F ou pas, on attend la suite avec curiosité.