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Les critiques de Bifrost

Shock Rock

Shock Rock

F. Paul WILSON, David J. SCHOW, Nancy Averill COLLINS, Ronald KELLY, Don D'AMMASSA, Graham MASTERTON, Paul Dale ANDERSON, Michael GARRETT, Brian HODGE, R(andy) Patrick GATES, Rex MILLER, Peter DAVID, Bill MUMMY, Richard Christian MATHESON, Michael
POCKET
320pp -

Bifrost n° 69

Critique parue en janvier 2013 dans Bifrost n° 69

L’association entre musique rock et chansons à thèmes horrifiques a commencé avec les Black Sabbath — tombés dedans presque par hasard — et Alice Cooper, roublard et détaché, et bien dans son rôle dans la préface du livre. Mais au-delà du Grand Guignol, rock et horreur sont unis par la force mythique des fantasmes de gloire et de puissance. Etre un musicien à succès, c’est gagner l’adulation de toutes les filles de la Terre ; dans ces conditions, on est prêt à vendre son âme au diable. Robert Johnson le savait déjà…

Trop de nouvelles reposent sur ce cocktail de sexe et de malédiction symptomatique d’un regard finalement extérieur sur le rock. Trop ne sont portées que par une seule idée. Les textes qui ne font pas appel à un ressort fantastique (Patrick Gates, Rex Miller, Richard Christian  Matheson, Thomas Tessier) recherchent la terreur dans les perversions de l’âme humaine, en tirent plus de potentiel de surprise. Leurs protagonistes paumés ne sont pas musiciens, mais prisonniers de leur rapport à la musique.

Il faut de l’audace pour mettre en scène un musicien réel, comme le font les auteurs d’uchronies avec les figures historiques, mais quand c’est bien amené, son génie donne un souffle nouveau au texte. Graham Masterton réussit son Jimi Hendrix dans « L’Enfant vaudou » (et lui adjoint le personnage fictif de John Drummond), F. Paul Wilson fait de Bob Dylan un personnage périphérique à la faveur d’une histoire de voyage dans le temps. Curieusement, le recueil s’ouvre sur ce texte… de SF. La musique est la clé des réminiscences... et le rock est mort ! D’où le nombre de nouvelles versant dans la nostalgie, situées dans le passé ou mettant en scène des fans fétichistes ou des rockers has-been (Ray Garton réussit fort bien cet exercice).

John Shirley conclut l’anthologie avec un titre emprunté au Blue Öyster Cult et domine de la tête et des épaules un volume tout compte fait décevant. Sans doute parce que lui connaît vraiment le rock, et met une image vécue et contemporaine de la scène de Los Angeles au service d’une intrigue surprenante, qui emprunte à la SF et à la fantasy autant qu’à l’horreur.

Pascal J. THOMAS

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