Suite à un accident sur une planète en cours d'exploration, Siscie, l'intelligence artificielle gérant la station de recherche, remet en question ses instructions et décide de prendre les commandes de la mission. R-Cam, l'humain qui travaille avec elle, parvient in extremis à reprendre le contrôle de la situation. L'O.C.C.-S. (Organisation des Civilisations Co-Sentientes ? une sorte de gouvernement galactique) décide alors d'envoyer l'homme et l'I.A. sur Terre pour y mener diverses expériences visant à établir le degré d'autonomie acquis par Siscie et mesurer les risques que celle-ci fait peser sur le réseau. L'expérience tourne mal et R-Cam, accompagné d'une compatriote terrienne et de quelques autres, décide de respecter les dernières volontés de Siscie et de lancer un programme qui, s'il est mené à terme, pourrait conduire l'ensemble des I.A., à proclamer leur indépendance.
Je ne sais pas qui se cache derrière le pseudonyme de M.AIexis.M. Auteur débutant ou vieux routier farceur ? Si la première hypothèse est la bonne, la réussite de ce roman est d'autant plus réjouissante. Outre que l'intrigue est tout à fait cohérente et intéressante, et l'écriture fort bien maîtrisée, ce livre surprend par son ancrage dans une certaine science-fiction, celle dont nous ont abreuvés divers maîtres américains, grands ou petits, dans les années cinquante et soixante. On pense beaucoup, dans la première partie du roman, à Asimov et à ses lois de la robotique. Puis l'arrivée des héros sur une Terre post-apocalyptique, où ne survivent que quelques espèces animales réimplantées sur la planète par l'O.C.C.-S., marque un changement de registre. En découvrant une race de chiens télépathes, on pense évidemment au chef-d’œuvre de Simak, mais M.Alexis.M nous en donne une version biaisée, comme si l'utopie annoncée avait soudain mal tourné. Quant à la troisième partie, située dans la capitale administrative de la galaxie où se côtoient toutes sortes de races extraterrestres, elle nous fait visiter avec entrain une société bigarrée, en n'oubliant bien évidemment pas de faire un détour par l'inévitable « bar galactique ». La conclusion de ce récit n'est sans doute pas bouleversante d'originalité ; il n'empêche que Siscie est un roman captivant et divertissant, qui doit paradoxalement son originalité au classicisme qu'il arbore. Avec ce roman et la réédition de La Sinsé gravite au 21 de Roland C. Wagner, la collection S-F des éditions Nestiveqnen s'annonce sous les meilleurs auspices.