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              ROBERT LAFFONT
               160pp                -                15,00 €             
Critique parue en juillet 2025 dans Bifrost n° 119
Risa, habitante de Néolutetia, est une cyborg. Unique, elle ne l’est pas par choix : elle est la conséquence d’un procédé expérimental et médical particulièrement traumatisant, subi dans son enfance, visant à faire d’elle un outil plus qu’une personne. Adulte, ayant échappé à ce destin mais néanmoins cyborg, Risa met ses talents, sa force et sa capacité à se synchroniser au réseau (le Synth) au service des plus faibles et d’une organisation clandestine (l’Enclave) qui leur vient en aide. Son quotidien se ponctue de souvenirs traumatiques et de moments de fête et d’oubli pour tenir bon au sein de cette cruelle réalité.
Risa est prise au dépourvu lors d’une de ses missions, lorsqu’elle tombe nez à nez avec une personne qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Elle découvrira alors que les expériences qu’elle a subies enfant ont donné lieu à une plus grande entreprise. Une vaste manigance dont nous découvrons, au fil du texte, archives et enregistrements (un procédé littéraire simple, mais efficace).
Lors de la quête de ce double, Risa va vite comprendre qu’il existe un nombre immense de copies d’elle-même. Elle devra se confronter à une complexité d’émotions et de questionnements face à l’une de ces doubles, recueillie dans l’Enclave, et découvrira peu à peu leur capacité inédite à communiquer sur un réseau commun et privé qui les unit telle une conscience collective.
S’emparant des codes du cyberpunk — aussi bien ses aspects littéraire, vidéoludique ou rôliste — Floriane Soulas s’attaque à la figure du cyborg pour le mettre au service d’un propos qui entremêle quête d’identité, besoin de communauté, féminisme et besoin de justice… sans oublier un aspect punk, qui ne cache pas son plaisir à s’emparer du genre. Le personnage de Risa, dans sa complexité, est particulièrement attachant, de même que ses différentes camarades de lutte comme sa compagne, Cassidi, qui a fusionné avec une IA et semble aussi capable de bien des prodiges !
Deuxième novella francophone de la collection « Le Labo », Soma est donc un récit cyberpunk qui assume totalement son genre et n’oublie pas le propos politique qui le compose, tout en nous offrant un récit qu’on dévore aisément. On en redemande !
Éva SINANIAN