Rien ne va plus en Antarctique, ce territoire qui n’appartient à personne et où tout le monde ou presque y est allé de sa base permanente – Russes, Américains, Indiens, Belges, etc. Un wagon d’un convoi autonome a disparu alors qu’il se rendait au pôle Sud ; le traité de l’Antarctique est menacé par des projets d’exploitation du méthane prisonnier des glaces ; sans oublier des activités étranges, non répertoriées, repérées dans l’infrarouge par les satellites et qui affolent les responsables sur place et les huiles de Washington. Trois personnages vont être les témoins de cette époque-charnière : X (c’est comme ça que l’auteur et les autres personnages l’appellent !), l’auxiliaire technique (ou forçat des neiges) qui était à bord du convoi autonome quand il a été partiellement piraté ; Val, la superfemme, 1,90 m de poigne et de charme, qui guide le touriste friqué sur la piste d’Amundsen ; et enfin Wade, l’activiste écologiste planqué en attaché sénatorial, ici envoyé au sud du monde pour enquêter pour son patron (dans l’opposition, ce qui a son importance).
L’eau et l’huile, le fond et la forme. Si le fond est ici très intéressant, surtout pour le lecteur passionné par les problématiques environnementales, la forme a tout du calvaire. Globalement il ne se passe rien, ou presque. On se balade sur la glace, longtemps, et on papote, beaucoup. S.O.S. Antarctica est un roman d’anticipation proche hyperréaliste, très politique, et cette politique est très américaine, le tout se révélant chiant comme un voyage en train de marchandises à travers la Sibérie hivernale. Vous voilà prévenus. Et, cerise sur le gâteau, il y a la traduction. Par exemple : le pingouin est un oiseau de l’hémisphère nord et ne doit pas être confondu avec le manchot (penguin en anglais). À l’apparition du vingt-quatrième pingouin faux-ami, on n’a qu’une envie : balancer le livre à travers la pièce. Sans compter les maladresses stylistiques, les altitudes en pieds, les liquides en gallons et j’en passe. C’est régulièrement horripilant.
À moins que vous ne soyez vraiment passionné d’Antarctique et de politique américaine, difficile de conseiller la lecture de ce poussif roman. Personnellement, je vous aiguillerai plutôt vers Le Pire voyage au monde d’Apsley Cherry-Garrard (chez Paulsen), et le sublime La Lune est blanche de François & Emmanuel Lepage (que je me suis fait un plaisir de relire dans la foulée).