Lecteurs sensibles, passez votre chemin : Stairways to Hell n’est pas pour vous. À travers le parcours de vie – et de mort – de trois personnages, tous prénommés Thomas, l’auteur met en scène de la manière la plus brutale qui soit leur descente aux Enfers respective. Tous n’en reviendront pas.
Trois hommes, trois histoires où l’auteur ne recule devant aucun effet, aussi répugnant soit-il, pour mettre à jour leurs failles, leurs échecs, leur (in)humanité. Le premier a été condamné pour un meurtre raciste qu’il assume pleinement (« Extermination Highway »), le deuxième se morfond dans sa vie professionnelle respectable et sa vie de couple ordinaire (« Dirty Boulevard »), le dernier, écrivain, semble incapable de renouer avec le succès de son premier roman (« Punishment Park »). Trois hommes, mais également trois femmes, trois rencontres qui vont transformer leur vie à tout jamais, pour le meilleur et/ou pour le pire : Margaret, Amérindienne, ex-prostituée, ex-junkie et détentrice d’une culture en voie d’oubli ; Maneki Neko, égérie gothique d’une communauté se retrouvant dans les catacombes de Paris pour assouvir ses fantasmes les moins avouables ; et Eddie, fantôme qui n’a de cesse de rappeler à celui qui l’a trahie le prix à payer pour ce qu’il a fait. À leur contact, certains trouveront la rédemption, d’autres sombreront dans la déchéance et l’horreur.
Deuxième recueil de Thomas Day, Stairways to Hell constitue une forme d’aboutissement de tout un pan de son œuvre, la poursuite de thématiques et d’une surenchère dans l’horreur assez présentes dans les textes de ses débuts. Mais l’auteur n’est alors jamais allé aussi loin dans l’excès et, surtout, il fait ici montre d’une maîtrise technique incomparable. Des trois textes au sommaire, seul le premier, « Extermination Highway », souffre d’un déséquilibre et d’une rupture de ton gênante entre les deux parties qui le composent. Les deux autres offrent une progression implacable, tant dans la psyché dérangée de ses personnages que dans une atrocité viscérale pleinement assumée. Les taxonomistes littéraires seront tentés de classer ces trois nouvelles dans la catégorie du splatterpunk, au côté des œuvres les plus extrêmes de Clive Barker, Poppy Z. Brite ou Jack Ketchum. On peut difficilement leur donner tort.