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Les critiques de Bifrost

 

« La main décharnée, telle une serre, le saisit à la gorge, broyant sa trachée :

–  C'est votre faute! grinça la voix éraillée: C'est votre faute. Vous auriez dû la sauver ! Elle vous a appelé, elle vous a supplié ! Vous étiez Imzadi vous l'avez laissé mourir !!!

 Wesley arracha la main de la gorge de Riker.

- Non ! cria Riker, j'ai fait tout ce que j'ai pu — vous devez comprendre!  »

Oubliez immédiatement le déplorable Mon ennemi, mon frère (à moins que vous soyez amoureuse de Kirk), l'événement trekkien de la rentrée est sans conteste la traduction du formidable Imzadi (« le bien-aimé ») de Peter David — spécialiste des tours de force en matière de séries dérivées (les bandes-dessinées américaines d'après Hulk et bien d'autres). La construction, du roman est surprenante, liant la formel au fond de l'histoire en plaçant la fin en ouverture, le commencement au milieu, et, évidemment, le milieu à la fin. Et tout ça se tient parfaitement!

Imzadi est un drame, celui de William T. Riker, autrefois jeune lieutenant affecté sur la sensuelle planète Bétazed aux habitants télépathes, qui, tombé amoureux de Deanna Tioi, la fille d'une pétulante ambassadrice, Lwaxana Troi, sacrifia une première fois la jeune fille à ses ambitions en la quittant pour devenir capitaine dans la Starfleet, le bras armé de la Fédération des Planètes riles. Parvenu « seulement» à la distinction de Premier officier (capitaine en second) du mythique Enterprise, Riker retrouve à bord la belle Deanna, qui désormais repousse ses avances et préfère son amitié. Seulement la nuit qui suit une négociation diplomatique de routine, Deanna Troi meurt brutalement dans ses bras, sans raison apparente, en le suppliant de la sauver. Le choc sera terrible pour Riker, mais sans nulle comparaison pour sa mère, Lwaxana Troi, liée télépathiquement avec sa fille unique, et déjà veuve de son père, également officier de la Starfleet. Persuadé que Deanna Troi n'a pu mourir sans raison, ravagé par le remords et les reproches de sa belle-mère, Riker, devenu amiral de la Starfleet, va commettre le crime qui lui permettra d'en avoir le cœur net…

L'intrique est extraordinaire (très largement au-dessus de l'usage en matière de roman Star Trek), la narration, chargée a posteriori de l'amertume de l'auteur lui-même (Gene Roddenberry est mort sans avoir pu lire le roman que Peter David lui dédiait). Seul regret : en octobre, les épisodes de Star Trek : la Nouvelle Génération n'auront pas encore été diffusés (seulement à partir de décembre), et le lecteur français n'a que très peu de chance d'être aussi familier, aussi proche des héros, que quelqu'un qui aurait suivi leurs aventures depuis quatre ou cinq ans. Et croyez-moi, dans ce cas, les émotions à la lecture sont légèrement surmultipliées.

David SICÉ

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