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Les critiques de Bifrost

Starling House

Alix E. HARROW
HACHETTE
464pp - 25,00 €

Critique parue en janvier 2025 dans Bifrost n° 117

Il est des noms qui circulent soudain dans le microcosme des littératures de l’Imaginaire en qualité de « nouvelles pépites absolument géniales ». Et vous réalisez bientôt qu’autour de vous, d’un coup, tout le monde les a lus, les a adorés et vous sort systématiquement : « Vaz-y, lis, tu verras, c’est tout ce que tu aimes. » Et parmi ces noms, donc, depuis deux ans, celui d’Alix E. Harrow, plus qu’à son tour re­commandé par des gens très bien, y compris des collègues chroniquant dans ces mêmes pages. Or, si j’avais souri en lisant le « Guide sorcier de l’évasion : Atlas pratique des contrées réelles et imaginaires » (nouvelle parue dans le Bifrost n° 99 (3)), mon premier test sur un long format avec son roman Les Dix mille portes de January (lu en VO) avait été un échec, tant la January du titre m’avait paru fade et ses aventures lentes à démarrer.

Testons donc avec sa version de la maison hantée, habituellement un sous-genre fantastique appréciée par votre serviteuse : Starling House. Hélas, trois fois hélas… Affirmons-le d’emblée : il n’y a rien à reprocher formellement à ce roman. La traduction française est soignée, la structure classique, mais plutôt équilibrée, et le style agréable. Le livre en soi se lit bien, et si vous n’avez pas dévoré de multiples histoires de maisons hantées, des pelletés de récits sur les laissés pour compte du Nouveau monde (un genre en soi : de Steinbeck à Stephen Graham Jones, en passant par Nana Kwame Adjei-Brenyah), vous pourriez l’aimer et plonger de l’autre côté du miroir. Malheureusement, il aura suffi d’une remarque anodine à la vue de la couverture (« Tiens, c’est un genre de Locke & Key, ton bouquin ? ») pour que tous les artifices et les emprunts d’Alix E. Harrow me sortent systématiquement de ma lecture. Le livre fétiche nommé Le Monde d’en-dessous, comme par hasard ? La grande insistance sur la mort dans un « accident de voiture » de la mère de la protagoniste ? Et la façon dont celle-ci, qui a toujours vécu de bric et de broc et dort dans un motel, attire bizarrement l’attention des deux plus importantes familles de la ville ? Les trop nombreuses mentions de La Belle et la Bête ? On peut faire plus léger comme indices sur la suite de l’histoire. Et passée la 80e page (soit la longue mise en place de la situation et des principaux personnages), le livre ne réserve plus aucune surprise particulière. Bref, pour qui aime lire en charentaises, pourquoi pas. En revanche, si ce que vous recherchez c’est le suspense et le plaisir de se faire balader par un écrivain, vous resterez hélas sur votre faim. Le temps semble venu par la signataire de ce papier de se résoudre à abandonner Alix E. Harrow, la romancière, pour se concentrer sur la nouvelliste.

 

 

 

Stéphanie CHAPTAL

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