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Les critiques de Bifrost

Stoner Road

Julien HEYLBROECK
ACTUSF
336pp - 17,00 €

Critique parue en octobre 2014 dans Bifrost n° 76

« Le Stoner Rock/metal est un style se caractérisant par des rythmiques hypnotiques, simples et répétitives, une basse très lourde et un esprit inspiré du psychédélisme des années 70, notamment par Black Sabbath et Hawkwind, une imagerie mêlant comic-books, films d’horreur série Z, références aux OVNI et à la science-fiction… Le nom, Stoner ou rock défoncé, provient de l’aspect répétitif de cette musique, très associé à l’état “stone” dû à la prise de drogues. Cette désignation est généralement récusée par les musiciens qui lui préfèrent celles de Doom Metal, de Space Rock ou encore Desert Rock. » Ainsi, le Stoner est-il présenté sur le site www.spirit-of-metal.com. Disons encore que le Doom n’a ni les références psychédéliques, ni les boucles hypnotiques du Stoner qui, lui, n’a pas l’aspect volontiers planant du Space Rock qui compte aussi le Floyd originel parmi ses influences… C’est le Desert Rock qui nous préoccupera ici au premier chef. Le désert en question étant bien entendu celui de Californie du sud.

1996. Cette musique est alors à son apogée. Là, dans les coins de Calexico, l’arrière-pays californien désertique du conté d’Imperial, le long de la frontière mexicaine, Josh Gallows, alias Doc’ Défonce, arpente les « generator parties » : des concerts clandestins donnés dans le désert (d’où Desert Rock) fonctionnant sur groupes électrogènes et où, bien sûr, circule tout ce que le monde peut compter de dopes. Ceci expliquant cela. C’est l’équivalent de ce qu’étaient les « rave parties » et la Techno en Europe à la même époque…

Josh, raide stone, cherche sa copine Ofelia, qui l’a largué peu avant, or, elle a disparu lors d’une generator party où a joué un groupe mexi-cain extrêmement discret qui distribue des champignons hallucinogènes gratos. Sur la piste de sa nana, Josh croise un autre groupe pas très clair qui a également joué ce soir-là. Il est passé à tabac et laissé pour mort dans le désert où le trouve Luke Lee, un redneck pur jus, qui, lui, cherche sa sœur disparue dans des conditions identiques. Malgré leurs différences, ils décident de faire équipe, ce qui ne va tout seul et donne tout son sel au bouquin.

Petit à petit, on s’éloigne du rock pour plonger dans un fantastique gore où Josh se la joue en Orphée de Grand Guignol…

La mondialisation et internet faisant, il est de plus en plus difficile pour un auteur d’être crédible lorsqu’il situe son roman à l’étranger. Julien Heylbroeck s’en sort honorablement, mais une référence malvenue aux Nuls ici, une autre à Public Image Ltd qui arrive comme un cheveu sur la soupe pour se payer un jeu de mots à deux balles, irritent un tantinet le lecteur. Tant pis.

Hommage appuyé au Stoner, ce roman est parfaitement en phase avec l’imagerie de ce courant musical. Si ça se laisse lire, il va sans dire qu’on ne tient pas là un chef-d’œuvre. N’écrit pas Armageddon Rag qui veut…

Jean-Pierre LION

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