Olivier PAQUET
FLAMMARION
378pp - 15,00 €
Critique parue en juillet 2003 dans Bifrost n° 31
La structure. Un monde en cloche, limité par la Paroi, traversé par des poutrelles, des canalisations, des ascenbus, des trains à vapeur. Là, vivent deux strates de la même civilisation italianisante : les poutrelliers et les vapeuriers. Les premiers, supérieurs, sont les serviteurs de Valladolis, leur déité, dont le domaine se trouve au-delà de la Paroi. Les seconds sont principalement des ouvriers, les maîtres du magma qui sert à fabriquer la vapeur.
Quel décor ! On se croirait chez Rintaro et son Metropolis, chez Miyazaki et son Château dans le ciel (d'ailleurs, Paquet rend un hommage appuyé à ce réalisateur : on se balade dans Laputa et on rencontre une télépathe nommée Noshikaa). Dans ce paysage fabuleux, ce premier roman nous narre alternativement l'histoire d'un père, Victor Mégare, et de son fils, Jehan. Le géniteur a été blessé par la vapeur (en fait un sabotage) ; Jehan, lui, a fait son choix, il sera poutrellier et vivra loin de la vapeur et de ses dangers, il rencontrera sa marraine Marquisa, changera de nom et d'amis. Mais la vie n'est jamais simple et un rapport des mineurs va tout compliquer, pousser les uns et les autres sur des voies inattendues ; en effet, la structure va bientôt se trouver à court de minerai de fer, ce qui pourrait bien déclencher une guerre entre les poutrelliers et les vapeuriers. On s'en doute dès le départ, ce que l'auteur veut nous montrer, hors une classique lutte de classes, c'est la guerre, ses origines, son déroulement, ses victimes…
Voilà un roman bien écrit (à l'exception notable des dialogues, d'une platitude à faire passer Jane Birkin pour un kit sexuel de montagnes russes), un roman construit avec rigueur qui laisse néanmoins une assez tiède impression. Le tout semble scolaire, aurait mérité d'être resserré et au final ce texte libère un ennui discret (comme certaines nouvelles d'Ursula K. Le Guin ou de Brian Stableford, trop professorales pour être passionnantes). On sent, presque à chaque page, que Structura Maxima est un livre réellement intéressant, ambitieux, mais il manque quelque chose, une étincelle de folie, un peu d'ambiguïté, un peu de méchanceté ou de sentiments exacerbés. Et puis il y a tous ces mots en italien, ces insupportables notes de bas de page qui font gadget. Dommage, surtout quand on s'attarde à penser que Structura Maxima risque fort d'être le meilleur premier roman francophone de l'année 2003.