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Les critiques de Bifrost

Superstition

Superstition

David AMBROSE
J'AI LU
12,04 €

Bifrost n° 18

Critique parue en mai 2000 dans Bifrost n° 18

« Invention d'un fantôme », tel pourrait être le sous-titre de cet impressionnant roman inspiré d'une expérience menée à Toronto dans les années soixante-dix. Joanna Cross, journaliste ayant éventé les supercheries de charlatans, accepte de collaborer à une expérience de Sam Towne, un authentique chercheur du paranormal, en compagnie d'autres volontaires. Plutôt que de chercher à prouver la réalité d'une manifestation paranormale, le groupe tente d'inventer de toutes pièces un personnage qui serait l'esprit avec lequel il entrerait en communication, afin de prouver qu'il n'est que le moyen de focaliser les forces psy de chaque participant et n'a pas de réalité propre.

C'est ainsi que naît Adam Wyatt, aventurier américain, compagnon de La Fayette, ayant échappé de peu à l'exécution lors de la révolution française de 1789. Le groupe a soigneusement vérifié qu'il n'existe aucun Wyatt dans les archives historiques de l'époque.

Le résultat dépasse toutes les espérances. Le fantôme se manifeste lors des réunions spirites. Mais voilà qu'on trouve mention de ce pseudo personnage historique sur Internet ou dans des manuels d'histoire. Les plus timorés, qui quittent le groupe, meurent aussitôt après. Wyatt acquiert une présence toujours plus grange, jusqu'à avoir une tombe et générer l'existence d'un lointain descendant. Supériorité de l'esprit sur la matière, le fantôme qui tourmente Joanna risque bien de Codifier la trame même du réel...

Fort bien documenté et étayé dans ses argumentations avec des anecdotes, la scrupuleuse narration de cette aventure paranormale se développe selon un rythme lent et mesuré qui distille efficacement le suspense. David Ambrose sait faire partager les inquiétudes de ses personnages. Les explications scientifiques que l'auteur, rationaliste, propose à chaque inquiétante manifestation, contribuent à augmenter le malaise au lieu de le dissiper. C'est pourtant vers la science, par le biais du phénomène inexpliqué, plus que vers le fantastique, que penche le livre en dernier ressort. On sort de cette lecture subjugué, impressionné mais ravi par les frissons qu'il a su provoquer.

Claude ECKEN

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