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Les critiques de Bifrost

Swa

Swa

Daniel WALTHER
MNÉMOS
354pp - 23,00 €

Bifrost n° 114

Critique parue en avril 2024 dans Bifrost n° 114

Ce volume réunit trois romans de Daniel Walther (1940-2018) : Le livre de Swa, Le destin de Swa et La légende de Swa, parus au début des années 80. Peu de textes de l’auteur bénéficient d’éditions récentes, si ce n’est le court roman Les Voyageurs disponible depuis l’année dernière aux éditions du Typhon. Le point commun entre les deux ? Richard Comballot, qui signe la postface de ce dernier ouvrage et la préface du volume qui nous intéresse.

Trilogie de science-fantasy, Swa nous présente les aventures du jeune héros éponyme, que tous ceux qu’il croise trouvent rudement intelligent et sacrément spécial. Pour les femmes, ajoutez aussi diablement attirant. L’action se passe dans un futur post-apocalyptique, après la guerre de Cristal qui a renvoyé l’humanité quelques siècles en arrière. Swa vit dans une citadelle où un grand destin de sage l’attend, mais qui sera contrarié par une voix dans sa tête, venue du dehors, là où les humains sont réputés barbares et dangereux par les tenants de l’ordre. Commencent alors moult péripéties dont il se sortira, car, on vous l’a dit, le bonhomme est brillant.

Science-fantasy parce que, notamment, au milieu de ces combats à l’arme blanche et de ces affaires de légende, se trouvent aussi des pistolets lasers, des automates et une station orbitale. Mais aussi de la télépathie et des rêves prémonitoires. Un mélange des genres qui aurait pu être savoureux. L’onomastique trace des correspondances avec le passé : ainsi ce Khan, implanté après les steppes, au fin fond de l’est, ou encore ce Pacha, chef pirate entouré de noms comme extraits du monde méditerranéen.

Dans la préface, un extrait de l’interview menée pour le dossier du Bifrost 48, numéro lui étant consacré, nous apprend que Daniel Walther en choisissant de se tourner vers la « littérature populaire » en a tiré une écriture « plus lisible ». C’est une façon de voir les choses. Fade et ampoulée en serait une autre.

Dans le monde de Swa, ça torture, ça tue et ça viole à tout-va. Les scènes de sexe sont caricaturales et c’est la foire aux braquemarts. Dans la première partie, chaque nouveau personnage dont il sera question du pénis en possédera un semblant plus gros et plus dur que le précédent — subversif et novateur ! Swa multiplie les conquêtes, pendant que Lsi, celle qu’il aime et qui heureusement peut passer au-delà de ses trahisons (avoir un destin, ça aide), l’attend, toute éplorée. C’est lubrique et malaisant. On souffle fort.

Il en ressort une impression d’avoir lu une énième compilation de péripéties, payée à la ligne, avec un héros si extraordinaire qu’il porte sa légende sur lui, bien malgré lui et sans qu’on sache pourquoi. Mnémos prévoit de poursuivre ce travail patrimonial avec la réédition d’un recueil de nouvelles de Daniel Walther, peut-être un format lui convenant mieux.

Mathieu MASSON

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