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Les critiques de Bifrost

Télémétrie fugitive

Télémétrie fugitive

Martha WELLS
L'ATALANTE
13,50 €

Bifrost n° 105

Critique parue en janvier 2022 dans Bifrost n° 105

Faut-il encore le présenter ? SecUnit de renommée intergalactique, sériephile averti et râleur de premier ordre, notre AssaSynth nous revient pour un sixième tome qui retourne aux sources de la série imaginée par Martha Wells.

Oublié le format roman qui lui faisait traîner la patte ; retour ici sur la distance novella, avec une aventure trépidante où se mêlent enquête, action et remarques acerbes de la part de notre androïde préféré.

Dans Télémétrie fugitive, AssaSynth tente de trouver sa place sur la station Préservation qui l’accueille depuis sa dernière mission. Devenu le protecteur du Dr Mensah, le SecUnit doit composer avec l’hostilité larvée de la sécurité et des autres citoyens qui ne voient souvent en lui qu’un danger ambulant prêt à les massacrer sur un coup de tête. Comme quoi, les clichés véhiculés par les séries ont la peau dure ! Alors que l’on négocie sec pour trouver un statut et établir des règles autour de ce qu’AssaSynth a le droit le faire ou pas, un cadavre est retrouvé sur Preservation. Et autant le dire franchement, Preservation n’a pas l’habitude des meurtres. Ce qui n’est pas le cas d’AssaSynth, qui passe le plus clair de son existence à regarder les humains s’entretuer pour un oui ou pour un non, voire parfois juste parce qu’ils en ont l’opportunité. Devant la complexité du cas et la possibilité d’une infiltration des réseaux de sécurité, on accepte l’aide de la SecUnit convaincue que GrayCrisis n’en finira décidément jamais de le pourchasser.

Télémétrie fugitive retrouve vite les marques de la série, pose ses easter-eggs pour les fans avec moult références aux opus passés et développe une intrigue en huit-clos spatial où l’action recule au profit de l’enquête. Cette fois, AssaSynth se fait plus détective que combattant, mais conserve l’entièreté de son humour ravageur et de son cynisme envers les humains (et les bots stupides). Martha Wells en profite pour développer encore davantage le background de son univers, mettant en reliefs les sales petits secrets de certains exploitant extra-corporatistes tout en questionnant la nouvelle place occupée par AssaSynth dans une société qui semble terrifier par le concept qui l’anime. En sous-main, il est ici question d’intégration et de tolérance, de passer outre les clichés et de parvenir – enfin – à se faire confiance.

En délaissant les longueurs du précédent volume et en revenant à l’aspect feuilletonesque qui faisait tout le charme des précédents volets, Télémétrie fugitive redevient fun, captivant et attachant, ajoutant une nouvelle pierre à l’édifice légendaire de l’un des androïdes les plus drôles et les plus sympathiques de la SF moderne. Un vrai plaisir de lecture, qui séduira les amateurs et devraient convaincre les autres de s’y mettre enfin !

Nicolas WINTER

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