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Les critiques de Bifrost

Ténèbres 2012

Tobias S. BUCKELL, Johan SCIPION, James COOPER, Serena GENTILHOMME, Richard MESPLÈDE, Alison LITTLEWOOD, C.C. FINLAY, Fanny HERQUEL, Thana NIVEAU, Sylvia Spruck WRIGLEY, Luca MASALI, Brenta BLEVINS, Pascal SACRÉ, Jay CASELBERG, Richard LABBE, Frédéric
DREAMPRESS.COM
232pp - 15,00 €

Critique parue en octobre 2012 dans Bifrost n° 68

Que reste-t-il aujourd’hui de l’Horreur, genre littéraire majeur dans lequel se sont longtemps illustrés Poppy Z. Brite, Clive Barker, Peter Straub, Dean R. Koontz et Stephen King ? Si la plupart de ces auteurs sont passés à autre chose, le genre, lui, a continué de produire tout en devenant de plus en plus marginal, au point que certains de ses derniers romans importants, primés, ne sont plus traduits en nos contrées. L’horreur cinématographique (et il en va de même pour la SF) est un genre en bonne santé (on ne dressera pas ici la liste des films à petit budget qui ont remporté cinquante fois leur mise de départ), pourquoi cette bonne santé ne se traduit-elle pas par une présence accrue en librairie ? Comme c’est la question à cent mille dollars de la semaine, je n’en ai pas la réponse… Et vous ne la trouverez pas dans cette anthologie. Quoique…

Ténèbres 2012 contient dix-sept nouvelles (pas toujours fantastiques, d’ailleurs) qui revisitent les thèmes habituels ; enfance maltraitée, croquemitaine, fantôme, vampire, muse. Beaucoup d’ennui, de pages lues en diagonale, rien d’inoubliable (sauf en matière de pénibilité, si on prend en compte le texte de Serena Gentilhomme). On s’arrêtera néanmoins sur trois textes : « Le Violver » de C.C Finlay, récit d’une invasion extraterrestre aux allures de fin du monde, dont l’idée centrale est si répugnante qu’elle marque durablement (dommage que la progression narrative du texte soit si pataude et riche en clichés) ; plus original, Tobias S. Buckell nous propose de monter dans un vaisseau fantôme, mais pas n’importe lequel, un négrier. Sans être transcendant, son « Rejeter Babylone » est peut-être le meilleur texte de la sélection ; Luca Masali, lui, nous refait le coup du Sixième sens avec une petite fille zombie et un arrière-fond très politique (comme chez Romero). Dans les ratés, on tirera du lot « Dans la peau » de Pascal Sacré, c’est « monté » n’importe comment, mais il en reste deux trois images vraiment dérangeantes. Une fois la dernière page tournée, on espère que cette anthologie ne présente pas le meilleur de l’Horreur d’aujourd’hui, auquel cas on pourrait dire sobrement que la messe est dite1.

Note :
Les ouvrages publiés par Dreampress n’étant pas ou peu disponibles en librairie, on passera commande directement sur le site de l’éditeur.

Thomas DAY

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