Fabien CERUTTI
MNÉMOS
288pp - 20,00 €
Critique parue en octobre 2023 dans Bifrost n° 112
Terre, 2109. Rébecca Halphen observe ce monde vert, pur, parfait, débarrassé de toute pollution, de tout conflit. Ce monde qu’elle et son mari ont construit pierre par pierre. Ce monde auquel ils ont consacré leur vie entière.
Commencent alors les flash-backs pour comprendre comment la Terre en est arrivée là. Terra Humanis retrace ainsi la vie et le combat de Rébecca Halphen et Luc Lavigne pour la planète. De leurs grands projets d’étudiants idéalistes à leur réussite, tant politique qu’écologique, c’est l’Histoire avec un grand H qui s’écrit ici, celle d’un xxie siècle plus que jamais menacé. Fabien Cerutti nous livre un monde empli d’espoir, où tout est encore possible, avec à la clef une société utopique, saine et harmonieuse.
Si certaines idées demandent une énorme suspension d’incrédulité – en particulier la mobilisation globale de tous les pays du monde et de tous les partis politiques pour le climat –, le roman en lui-même reste intéressant. Basé sur des éléments réels, il se pose en critique des sociétés actuelles et du manque de réactivité de certains, n’usant que très peu de la culpabilisation pour faire passer son message. Bien que restant opaques et peu propices à l’identification, les personnages, bien troussés, s’avèrent in fine attachants.
De même, les allers-retours dans le temps sont adroitement amenés. Le livre n’a pas pour objectif de présenter un suspense insoutenable, mais plutôt de faire comprendre en profondeur les enjeux politiques, économiques et écologiques de ce combat mondial pour la planète. Cerutti a donc choisi de montrer d’abord les résultats de chaque décision avant de détailler les actions et réflexions qui ont conduit à ces aboutissements. Pari gagné au vu de l’objectif assez pédagogique de l’ouvrage, auquel s’ajoutent certains événements imprévus qui rythment le récit.
Si défaut il y a, il concerne surtout la seconde partie de ce roman. Car si la première s’intéresse aux actions possibles et réalisables, la seconde reprend l’aspect culpabilisateur retrouvé dans beaucoup d’œuvres du même genre, au travers de l’arrivée d’une race extraterrestre qui n’aurait pas réussi à sauver sa planète d’un réchauffement global. Cette section se révèle assez peu pertinente au regard du message que veut faire passer l’auteur, d’autant que le début du livre s’attache à montrer l’inutilité de la culpabilisation et met en avant d’autres propositions de solutions.
Pas toujours totalement convaincant, donc, Terra Humanis reste dans son ensemble assez pertinent sur le plan de la lutte contre le changement climatique – sans minimiser sa dimension pédagogique, toutefois, qui le destine plutôt à un public désireux d’en savoir davantage sur le sujet. Pas un chef-d’œuvre, en somme, mais une note d’espoir qui fait du bien, et une lecture agréable qui plaira aux adeptes de l’anticipation engagée.