Timequake pourrait être bien l’ultime ouvrage de Kurt Vonnegut, le testament littéraire d’un homme qui jette un dernier regard sur sa vie et son œuvre. Vonnegut conduit un fin récit, celui de « Timequake 1 », une œuvre avortée où il est question d’un tremblement de temps en 2001 qui provoque un bond de dix années dans le passé et une relecture à l’identique de l’Histoire.
« Quel but peut avoir une telle répétition ? » Comme l’éternel retour de Nietzsche, elle se résout par une délivrance, ici celle de l’humanité par Kilgore Trout, l’alter-ego littéraire de Vonnegut.
Timequake raconte la genèse de ce premier roman, mais il parle avant tout de son auteur, de sa propre expérience du tremblement de temps. Vonnegut retrouve sa famille, ses amis ; il parle de ses opinions, de la seconde guerre mondiale, « la deuxième tentative de suicide ratée de l’humanité ». Il revit ses joies et ses peines qu’il traverse comme un fantôme. Son récit le conduit dans un état d’épuisement « au dernier pique-nique » où sont conviés ses chers amis disparus.
À tout prendre, la vie vaut-elle d’être vécue ? L’issue se joue dans un dialogue entre Vonnegut et son double littéraire. Les mots sont drôles, souvent las mais aussi violents. Vonnegut jure tellement la censure américaine recommande la censure parentale.
Certes la vie n’est pas rose mais l’ironie n’est-elle pas à même de la sauver ?
« — C’est quoi le blanc dans la chiure d’oiseaux ?
— C’est aussi de la chiure d’oiseaux. »