Gwennaël GAFFRIC
L'ASIATHÈQUE
160pp - 9,90 €
Critique parue en avril 2025 dans Bifrost n° 118
La science-fiction chinoise est loin de se limiter au seul Liu Cixin, chose que le traducteur français d’icelui, Gwennaël Gaffric, s’attache à montrer. À l’automne 2024, on lui doit ainsi deux parutions au format novella : Le Bracelet de Jade de Mu Ming (cf. notre précédente livraison critique), texte gentiment borgésien, et le présent Ton temps hors d’atteinte. De l’autrice, Xia Jia, les lecteurs curieux auront pu lire une poignée de nouvelles, dans les revues Galaxies ou Jentayu.
Difficile d’évoquer ce court roman sans trop en dévoiler. On peut toutefois en dire que sa narratrice est lente. Le monde autour d’elle semble se mouvoir à toute allure. Raison pour laquelle elle ne fait pas grand-chose dans sa vie : pas de musique, pas de sport, pas d’activité. Enfant, elle se prend de fascination pour un garçon de quelques années plus jeune qu’elle, bien plus accompli dans ce qu’il fait. Les deux se croisent, un bref moment. Bien plus tard, elle le retrouve à l’université. Le garçonnet est devenu un jeune homme à qui tout réussit. Elle, toujours aussi lente, ne peut espérer que capter son regard. L’un et l’autre verront leurs chemins se croiser une nouvelle fois, quelques années plus tard. Ce sera alors que le récit basculera (un peu) dans la SF.
On sait bien ce que la perception du temps peut avoir de subjectif. Ici, Xia Jia prend le concept au pied de la lettre et le déploie. Peu adepte de la ligne hard SF d’un Liu Cixin, Xia Jia propose avec Ton temps hors d’atteinte une histoire au rythme lent, aussi tranquille que sa narratrice, qui prête une attention toute délicate à l’ambiance et aux détails.
Pourquoi pas.