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Les critiques de Bifrost

Toucher la peau du ciel

Toucher la peau du ciel

Sébastien COVILLE
ANNE CARRIERE
496pp - 22,90 €

Bifrost n° 108

Critique parue en octobre 2022 dans Bifrost n° 108

Dans le volume inaugural et éponyme du cycle (chroniqué dans Bifrost 104), l’empire de Seth s’est effondré quand une révolution de palais a créé une scission entre les princes dirigeant ses différentes castes, et que l’un d’eux est entré en guerre contre les autres pour préserver le système. Le volume 2, Toucher la peau du ciel, pose tout simplement la question suivante : et maintenant ? L’empire s’est effondré, mais que va-t-il jaillir de ses décombres ? Diverses factions y apportent des réponses très différentes : les Familles de la Pègre tentent d’exploiter les vestiges, créant une vague d’insécurité sans précédent; le Triumvirat (prince de la Loi en premier lieu) cherche à consolider son pouvoir et à préserver ce qu’il peut du système de castes en déliquescence; les dirigeants de la Foi et de la Guerre veulent le transformer pour accentuer son aspect théocratique et faire passer les autres castes sous leur contrôle, tandis que les Techniciens cherchent à transcender l’ordre ancien en créant une nouvelle Loi qui ne viendrait plus d’un livre sacré mais des hommes, en refondant l’ensemble de la société, où le mérite compterait plus que l’origine sociale, et en la basant sur la Raison plutôt que la Foi.

Dans notre recension de L’Empire s’effondre, nous avons déploré, malgré d’évidentes et incontestables qualités, que ce soit en termes de style, d’intrigue ou (surtout) de worldbuilding, des maladresses, comme des longueurs, un nombre trop élevé de points de vue, de personnages secondaires et de sous-intrigues (parfois à l’utilité douteuse), ainsi que quelques effets de manche stylistiques dispensables. Ce second volet corrige en bonne partie ces défauts, l’ensemble donnant moins l’impression de se perdre dans des détours superflus, les dialogues étant moins déclamatoires (on aurait néanmoins apprécié qu’en contrepartie, Coville nous évite de jouer à l’épigone de Jean-Philippe Jaworski ou Cédric Ferrand en mettant autant l’emphase sur le registre populo-argotique), le rythme plus constant et l’importance de chaque personnage (déjà connus du lecteur, ce qui facilite les choses) plus claire. On soulignera que le worldbuilding, déjà admirable, s’enrichit encore, et que les questions que nous nous posions quant à la nature réelle de cet univers et au classement taxonomique de ce cycle ne font que devenir plus pressantes. On appréciera, enfin, une communication plus sobre de l’éditeur, qui en faisait DES TONNES sur la quatrième de couverture du roman précédent.

Notre critique de L’Empire s’effondre se terminait en prédisant qu’avec quelques ajustements, le tome 2 pourrait être une spectaculaire réussite : force est de constater que réussite, il y a, et qu’elle n’est effectivement pas si loin d’être spectaculaire !

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