Stephen Graham JONES
RIVAGES
352pp - 23,00 €
Critique parue en janvier 2023 dans Bifrost n° 109
Stephen Graham Jones est un auteur américain appartenant à la nation amérindienne Blackfoot, une tribu de moins de 200 000 individus dont le territoire s’étend en partie aux USA (principalement dans l’État du Montana) et en partie dans le Canada (dans la région de Calgary). Il est né en 1972 au Texas et enseigne la littérature à l’université de Boulder dans le Colorado. Auteur de vingt-deux romans avant d’atteindre l’âge de 50 ans, il est rentré sur la liste des best-sellers du New York Times pour la première fois de sa carrière en 2020 avec le roman qui nous intéresse ici : Un bon Indien est un Indien mort. Fan de films d’horreur (il est incollable sur les films de loups-garous) et de comics, versatile, Stephen Graham Jones a publié du thriller (avec ou sans éléments surnaturels) et de la littérature générale, voire expérimentale. Son ambition stylistique, notamment quand il écrit de l’horreur, lui a valu l’admiration de Stephen King, entre autres.
Un bon Indien est un Indien mort nous raconte l’histoire de quatre Blackfeet – Ricky, Lewis, Cassidy et Gabe – qui ont commis une terrible erreur pendant une chasse à l’élan au wapiti. On peut même parler d’une horreur, d’où a découlé une promesse que Lewis a trop tardé à tenir.
Le roman démarre sur les chapeaux de roues, avec la mort de Ricky poursuivi (ou non) par un élan un wapiti sur le parking d’un bar où il vient de descendre quatre bières, ce qui n’est jamais une bonne idée pour un Indien. Surtout quand on commence à bousiller à coup de clef à molette les voitures des clients blancs.
Voilà un bon roman, très kingien, mais peut-être pas aussi bon que Galeux (critiqué dans Bifrost n° 99). Le récit, qui perd en peu d’abattage après une cinquantaine de pages, peut néanmoins se vanter de posséder un final d’une très grande puissance émotionnelle.
Le principal souci est ailleurs. Sans doute pour éviter une tonne de notes de bas de page car la prose de Stephen Graham Jones est non seulement extrêmement dense, mais elle est ultra-référencée, le traducteur a fait des choix et certains comme remplacer wapiti par élan (puis caribou !), peuvent sembler bien malheureux. Roman basé sur une croyance indienne très populaire, celle de l’Elk Woman (la Femme Wapiti, donc), Un bon indien… tombe un peu à plat en français. En conclusion : les caribous m’ont tué.