Albert ROBIDA
BNF ÉDITIONS
13,00 €
Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90
[Critique commune à L’Énigme de Givreuse, Un chalet dans les airs et La Grande Panne.]
Les Orpailleurs est le nom de la nouvelle collection de la Bibliothèque Nationale de France… attendez : la BnF éditeur ? Bizarre, non ? Habituellement, la BnF reçoit les livres, ça n’est pas elle qui les édite. Bon, on sait qu’elle publie régulièrement des titres, mais on imaginait plus des catalogues d’expositions ou des monographies… Toutefois, dans les entrailles de la BnF dorment des dizaines de milliers de livres, la plupart épuisés depuis belle lurette, aussi apparaît-il finalement comme une évidence (rappelez-vous l’adage « on n’est jamais si bien servi que par soi-même ») qu’elle cherche à faire connaître ces ouvrages au public. « Les Orpailleurs » est donc une collection à vocation patrimoniale ; avant sa création, la question s’est posée de savoir dans quel genre littéraire la BnF allait s’investir, et le choix s’est porté sur la science-fiction au détriment du polar, dont le marché est déjà notablement saturé.
La maquette est sobre et élégante, la présentation soignée bien que le corps de la police choisie soit un poil petit. Chaque texte bénéficie d’une introduction érudite de Roger Musnik, longtemps conservateur au rayon SF de la BnF, aujourd’hui à la retraite – c’est lui qui organisait des conférences très instructives pour faire découvrir le fonds du rayon.
La première livraison de livres, pour le lancement de la collection, s’appuie sur trois valeurs sûres : J.-H. Rosny aîné, Albert Robida et Théo Varlet. Ces romans, très différents, donnent à voir une jolie palette de ce qu’est la SF ancienne, du temps où l’on parlait encore d’anticipation.
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Un chalet dans les airs est du Robida pur jus : inventif en diable, rythmé, marqué par des visions impressionnantes. La Terre, notre planète, est dans un état de dégradation avancée suite à ce que toutes les générations précédentes lui ont fait subir. Aussi, un gigantesque chantier est démarré, qui vise à refaire toutes les fondations. M. Cabrol décide donc de parcourir le monde, et, ne pouvant le faire par la terre en pleine refonte, il le fera par les airs, à bord d’un chalet volant, accompagné de ses deux neveux. Dès lors, la fantaisie de l’auteur fait feu de tout bois, et l’on découvrira une Venise située dans les montagnes, un nouveau continent créé en plein milieu des océans, une New York capitale industrielle trépidante et polluée, et un morceau de planète tombé en plein Pacifique. À la fois ode au progrès (raisonné) et roman écolo avant l’heure, Un chalet dans les airs bénéficie aussi de nombreuses illustrations de l’auteur.
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On le voit, cette première livraison est éclectique, mais s’il y a bien un dénominateur commun, c’est la qualité des textes, la minutie de leur choix et de leur présentation. La collection « Les Orpailleurs » est de fait bien lancée, et l’on guettera à coup sûr les prochaines parutions – on annonce un nouveau Rosny aîné et un André Couvreur dans les mois qui viennent.