Connexion

Les critiques de Bifrost

Un procès pour les étoiles

Un procès pour les étoiles

Robert James SAWYER
J'AI LU
320pp - 18,00 €

Bifrost n° 25

Critique parue en février 2002 dans Bifrost n° 25

Suite à une avarie survenue près de la Terre, les Tosoks demandent aux Terriens de concevoir les pièces nécessaires à la réparation de leur vaisseau en échange de secrets technologiques. On est, au départ, un peu surpris par la désinvolture avec laquelle s'établit ce « premier contact », Franck Nobilio, le conseiller scientifique du président des États-Unis n'hésitant pas, dans la demi-heure suivante, à effectuer une balade dans la navette des extraterrestres pour visiter le vaisseau spatial en orbite. En fait, Sawyer se hâte d'évacuer les préliminaires, car son propos est ailleurs, dans les minutes d'un procès aussi inhabituel qu'absurde dans le respect de ses procédures.

En effet, un membre de l'équipe scientifique accompagnant les Tosoks est sauvagement assassiné. Tout désigne l'un des extraterrestres. Pourtant, les Tosoks ne mentent jamais et leur civilisation est si pacifique que le meurtre est inconnu sur leur monde. La narration semble s'orienter vers l'enquête qui déterminerait ou non la culpabilité du suspect, et, si elle est avérée, fournirait une explication au meurtre, éventuellement liée aux us et coutumes de l'espèce, qu'on connaît encore mal.

Cette voie est effectivement exploitée, mais par le biais d'un procès que le caractère inédit rend encore plus spectaculaire. Les efforts de diplomatie, les problèmes de procédure engendrés par cette situation sont des morceaux d'anthologie. Comment, par exemple, défendre équitablement un extraterrestre quand tous les membres du jury sont humains ? Comment instruire le procès d'un individu non seulement ignorant des lois mais qui n'en relève pas, ne serait-ce que parce qu'il n'existe aucune juridiction terrestre susceptible de justifier de son identité ?

Bien entendu, l'enjeu du procès ne se limite pas au verdict concernant l'accusé. Il est planétaire dans la mesure où les conséquences risquent de mettre la Terre en difficulté, doublement même puisqu'il va permettre la révélation d'une vérité engageant la survie de l'humanité entière.

On sait les Américains friands de thrillers juridiques. Celui-ci en est un, original et rondement mené. Tour à tour drôle, inquiétant, haletant et bourré de coups de théâtre, ce roman a la vigueur d'un bon polar et l'intelligence d'une S-F de qualité : de quoi nous réconcilier avec un auteur dont on ne garde pas que de bons souvenirs.

Claude ECKEN

Ça vient de paraître

La Maison des Jeux, l'intégrale

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 116
PayPlug