Ray BRADBURY
FOLIO
320pp - 9,40 €
Critique parue en octobre 2013 dans Bifrost n° 72
Composé de textes initialement publiés dans divers supports au cours des années 40 et 50, on trouvera dans cet ouvrage des nouvelles de différents genres, comme souvent avec les recueils de l’auteur : une science-fiction des plus classiques, du fantastique et même de la « littérature générale » de qualité. La plupart de ces vingt-deux textes sont courts (autre constante chez Bradbury), ce qui les rend difficiles à résumer sans en gâcher la chute.
Certaines histoires nous placent à la veille de l’imminente conquête de l’espace. Dans « La Fin du commencement », un homme tondant sa pelouse se trouve en proie au vertige de voir les frontières du possible encore repoussées par une première fusée s’élevant vers les étoiles. D’autres nous emmènent sur Mars, ou sur Vénus, comme dans « Et l’été ne dura qu’un jour », où nous suivons un groupe d’enfants alors qu’une heure de soleil est sur le point d’interrompre le cycle de sept ans de pluie du ciel vénusien. « Le Dragon » nous plonge aux côtés de deux hommes peu rassurés au cours une chasse fabuleuse à la conclusion des plus surprenantes. On suivra plus loin non sans amuse-ment une bande de jeunes latinos désœuvrés, s’achetant en commun « Le Splendide costume glace à la vanille » qui va leur faire re-considérer leur quotidien… Le changement de registre comme d’univers surprend souvent. Même si la qualité des textes est parfois inégale, il est impossible de savoir à quoi s’attendre à la nouvelle suivante, ce qui s’avère assez agréable pour peu qu’on accepte la règle du jeu.
On trouvera néanmoins un trait d’unité qui sous-tend le recueil : à chaque fois, le merveilleux ambiant est révélé par le pouvoir de l’imaginaire, par la rêverie poétique. Si Un remède à la mélancolie n’est pas le meilleur recueil de l’auteur, on retrouve dans chaque texte cette sensibilité et cette délicatesse propres à Bradbury. Ses histoires se concentrent sur les sentiments auxquels les personnages sont en proie, alors qu’ils sont confrontés à un évènement merveilleux, parfois surnaturel, parfois cruel, qui va changer leur vie. A l’image du remède prodigué à la jeune fille de la nouvelle-titre, victime d’un mal mystérieux, Bradbury entreprend de soigner son lecteur à travers une ode à l’imagination. Et il y parvient avec un certain succès.