Autrice américaine à l’œuvre relativement parcimonieuse, Elizabeth A. Lynn a publié une dizaine de romans entre la fin des années 70 et le début des années 2000. Parmi eux, Une autre lumière, paru initialement en France dans la mythique collection « Titres SF » de Jean-Claude Lattès, sous le titre plus approximatif L’Œil du peintre.
Le peintre en question, c’est Jimson Alleca. Habitant de la planète Nouveau Terrain dans un futur qu’on imagine lointain, il se languit de l’absence de son amant, Russell. Celui-ci arpente le cosmos à bord de son astronef, les flux de l’hyperespace l’amenant où bon lui semble. Jimson l’accompagnerait bien, mais une maladie désormais rarissime l’en empêche, sous peine d’une dégénérescence rapide menant à la mort. Pourtant, cet artiste souffre de ne pouvoir quitter sa planète, de ne pouvoir admirer la lumière d’autres soleils sous d’autres cieux. La tension et la frustration montent, jusqu’à devenir irrésistibles.
Paru en VO en 1978, Une autre lumière avait pour particularité de mettre en scène des personnages n’étant pas hétérosexuels par défaut : l’un est bisexuel, l’autre gay, aucun n’est strictement monogame. L’aspect le plus novateur du roman pour l’époque était que les personnages sont présentés comme étant ainsi, sans que leur sexualité constitue un sujet en soi. Pour le reste, le récit accuse le coup en matière de chatoyance et de sense of wonder — on entrevoit à peine un univers riche hélas peu exploré. Au-delà des questions de la représentation et de ce que l’on est prêt à sacrifier pour l’Art, Une autre lumière laisse sur sa faim, en tout cas en 2024. Dommage.