Irénée REGNAULD
LA FABRIQUE
20,00 €
Les grands programmes spatiaux sont souvent perçus comme faisant partie d’une saga épique. Bien que les motivations aient évolué, mettant en avant l’esprit pionnier, la science ou, plus récemment, la recherche de nouvelles ressources, le scénario reste le même : en allant à la conquête de l’espace, l’humanité accomplit son destin. Les archives de l’histoire spatiale examinées par les auteurs révèlent une réalité bien éloignée du rêve humaniste souvent associé à ces exploits techniques. En effet, depuis les premières expérimentations des ingénieurs nazis durant la Seconde guerre mondiale, jusqu’à leur transfert dans l’astronautique naissante des États-Unis, de la Russie et de la France, l’objectif principal était militaire. Cette quête de suprématie s’est poursuivie avec la course à la Lune, aux missiles et aux satellites, alimentant une industrie puissante axée sur la surveillance et les télécommunications. Cela a débouché sur un « astrocapitalisme », désormais porté par des milliardaires dont les projets extravagants nourrissent une fuite en avant aux conséquences néfastes, entre accumulation de débris dans l’espace et pollution de la Terre. Si la fascination pour l’espace reste toujours aussi grande, c’est aussi que sa conquête s’accompagne d’une conquête des esprits où les astronautes — autrefois intrépides aventuriers, aujourd’hui scientifiques éclairés et gardiens de la Terre — jouent un rôle majeur. Dans cet essai revigorant, les auteurs déconstruisent les discours convenus sur la conquête de l’espace. Leur travail montre aussi qu’il existe d’autres façons d’envisager l’espace, ni guerrières ni commerciales, mais plus contemplatives et plus durables, offrant ainsi une alternative pour explorer l’univers et garder à l’espace son statut de patrimoine de l’humanité.