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Alors que les excursions d’Anat en zone interdite sont découvertes, le garçon sait qu’il n’a plus le choix. Il doit faire ses adieux aux trois corps plongés dans des cuves qu’il y a découverts, au risque d’être banni, comme l’ont été ses parents avant lui. Pourtant, lorsque l’un de ces corps reprend vie, il ne peut s’empêcher de le secourir. Amie ou ennemie ? Une chose est sûre, cette étrange femme au corps modifié que tous reconnaissent comme un Oppresseur d’avant l’Oubli a une mission, et elle est prête à tout pour l’accomplir. Mais avec elle apparaît un péril sourd, ancien, une menace bien plus profonde pour la planète et ses habitants que ne l’était l’Oubli…
Dans son quatrième roman en solo, Emmanuel Quentin propose un planet opera original et ambitieux. En présentant cette communauté aux règles strictes mais pacifiste, en élevant les souvenirs au rang de culte, il met en scène une société humaine bien différente de celles que l’on connaît, construite pour s’adapter aux conditions imposées par leur planète, procédé qui n’est pas sans rappeler le « Cycle de l’Ékumen » d’Ursula K. Le Guin. De là à y voir l’ombre de l’autrice des Dépossédés et de La Main gauche de la Nuit, il n’y a qu’un pas.
Si l’univers est cohérent, le Vent rouge mystérieux et l’intrigue prenante, la comparaison s’arrête hélas ici. Les personnages principaux, très (trop ?) nombreux, ont tous leurs failles, leurs objectifs à remplir, peut-être un peu trop pour un unique tome, permettant certes un rythme assez effréné, mais au détriment parfois de certaines informations. Des questions demeurent sans réponse, l’évolution des personnages trop peu visible pour que l’on s’attache véritablement à eux et qu’on comprenne les motivations de chacun.
Pour autant, Vent rouge reste une lecture agréable et dynamique, emplie de rebondissements et donnant envie de mieux connaître cet univers dont la planète Sophis n’est qu’une partie d’un tout beaucoup plus vaste. D’autant que l’écriture, fluide et efficace, invite à la lecture, là où l’intrigue se présente comme assez (trop ?) recherchée.
Vent rouge est un livre que l’on prend plaisir à lire malgré ses quelques défauts, et il ne fait nul doute qu’il faudra suivre les prochaines œuvres de son auteur. Peut-être dans ce même univers ?
Éléonore BAILLY