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Les critiques de Bifrost

Vénus

Ben BOVA
FLEUVE NOIR
308pp - 19,50 €

Critique parue en janvier 2006 dans Bifrost n° 41

Parce qu'il est richissime, fou furieux, passablement taré et mégalomane, Martin Humphries, magnat de l'industrie spatiale, décide d'offrir dix milliards de dollars à qui rapportera le corps de son fils aîné, mort au cours de la première mission d'exploration habitée de Vénus, l'une des planètes les plus hostiles du Système Solaire. Et parce que, décidément, Humphries est vraiment grave, il fait en sorte de contraindre son second fils, Van, qu'il a toujours considéré comme un mouton galeux, d'accepter cette mission pour le moins hasardeuse. D'autant que Van, qui n'a rien d'un aventurier, n'est pas seul sur le coup : Fuchs, mineur dans la Ceinture d'Astéroïdes, personnage énigmatique à mi-chemin entre les capitaines Achab et Némo, ruiné par Humphries et, de fait, ennemi acharné de ce dernier, compte bien remporter le gros lot. La course peut commencer, course qui, comme il se doit, réservera au lecteur son pesant de surprises et d'émotions.

Avec Vénus, Ben Bova, aussi connu outre-Atlantique pour son travail d'éditeur à la tête des revues aux couleurs hard science Omni et Analog, poursuit l'immense œuvre littéraire qu'il s'est fixée et qu'il a baptisée « Grand Tour », à savoir consacrer un roman (voire un cycle de romans) à chaque planète de notre système solaire. Ainsi, après Mars et Retour sur Mars (même éditeur et réédités en poche chez Pocket), voici que nous arrive Vénus, en attendant Jupiter, Saturne et Mercury (tous trois déjà publiés aux USA).

S'il fallait définir Ben Bova, le terme de « faiseur » lui conviendrait parfaitement. De fait, ouvrir l'un de ses bouquins, c'est presque toujours l'assurance de passer un bon moment de lecture au cœur d'une science-fiction efficace, scientifiquement étayée (l'auteur a un très sérieux bagage scientifique) mais pas rébarbative pour deux ronds. En revanche, ses personnages sont souvent d'une épaisseur proche du papier à rouler et ses intrigues, quoique bien menées, d'une simplicité au mieux redoutable, au pire transparente. Vénus ne déroge pas. Ce roman de pur divertissement fonctionne fort bien et se lit sans déplaisir (en dépit d'une traduction douteuse, pas rédhibitoire mais parfois lourdingue et empruntée). Pas un chef-d'œuvre du genre, loin de là, mais une science-fiction rythmée, imagée et dépaysante. C'est déjà pas si mal, aussi gageons que le livre devrait ravir l'amateur, pour peu que ce dernier aille au-delà de son caractère un tantinet caricatural.

Olivier GIRARD

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