Andreï DYAKOV
L'ATALANTE
320pp - 17,90 €
Critique parue en janvier 2013 dans Bifrost n° 69
On se souvient (ou pas) des romans Métro 2033 et Métro 2034 parus en France aux éditions l’Atalante. Face à l’ampleur de son succès, tant littéraire que sous forme de jeu vidéo (PC et consoles), le camarade Dmitry Glukhovsky a décidé de « franchiser » l’univers postapocalyptique qu’il décrit dans ses deux premiers livres, proposant donc à d’autres auteurs de reprendre le flambeau. Le projet réunit déjà dix romans russes, un roman anglais, un roman italien et un recueil de nouvelles, le tout signé par des plumes aussi bien débutantes que confirmées. Une licence qui se décline par ailleurs sur des médias divers : romans et jeu vidéo, on l’a dit, mais aussi bande dessinée, en attendant la télévision et le cinéma… Eh oui, notre bon Dmitry a peut-être bien trouvé le filon !
D’un point de vue strictement littéraire, l’Atalante a pioché juste avec ce Vers la lumière signé Andreï Dyakov. Première bonne nouvelle : Denis E. Savine est toujours aux commandes de la traduction — nous avions déjà salué son travail sur les titres de Glukhovsky. Deuxième bonne nouvelle : l’illustration de Benjamin Carré s’avère très réussie, quand bien même il était difficile de faire pire que Métro 2033/2034. Troisième bonne nouvelle : Dyakov se révèle d’emblée un jeune gars bourré de talent, car non seulement il reprend à bras-le-corps un univers aux fondements bien établis, mais il arrive en plus à le transcender.
Quoi d’autre ? Ah oui, l’histoire… Nous ne sommes plus dans le métro de Moscou, mais dans celui de Saint-Pétersbourg. Ere postapocalyptique. La survie s’organise en communautés dans les stations : commune de l’étoile, détachement du Kirov, empire Végan… A la surface, un monde dévasté peuplé de créatures hybrides où seuls les stalkers s’aventurent. Taran est l’un d’entre eux, puissant, énigmatique et solitaire. Il décide de prendre Gleb sous son aile, un jeune orphelin, en paiement d’une future expédition confiée par la puissante Alliance littorale. L’objectif : la baie de Neva, l’île de Kotline. On y aurait vu une lumière, signal de l’Arche de salut qu’espèrent les membres de la secte de l’Exode. Accompagnés d’autres stalkers et mercenaires, la troupe rejoint la surface, en zone radiative, luttant contre des créatures féroces dans l’espoir de trouver la lumière évoquée…
Pour un premier roman, Andreï Dyakov nous offre un texte maîtrisé. Après un petit temps d’adaptation aux noms russes, on entre assez facilement dans l’histoire. Les personnages sont à la limite du stéréotype mais toujours bien cadrés, le rythme est soutenu, l’intrigue bien ficelée et la chute assez réussie car inattendue. Bref, si le texte est certes moins exigeant que Métro 2033, il gagne en plaisir de lecture. On l’aura compris, on ne parle pas ici d’un chef-d’œuvre, bien sûr, mais d’une belle réussite pour un coup d’essai. Et si l’Atalante décide de continuer à publier des titres de la franchise « Métro 2033 » de cette qualité, gageons que l’éditeur nantais tient là, lui aussi, un joli filon…