Trois types se réveillent dans ce qui ressemble bien à une caverne enchâssée sous un glacier. Deux sont reliés par une laisse d’acier rivetée au sol, le troisième a la tête enclose derrière un masque de fer inamovible. Le matériel qui les entoure est des plus sommaires. Un réchaud, quelques bouteilles de gaz, une tente et deux duvets, une poignée d’oranges. Ils ne se connaissent pas. Ils ne savent pas pourquoi ils sont là. Chacun va devoir survivre… à l’environnement, bien sûr, mais aussi (surtout ?), à ses compagnons d’infortune.
On l’aura compris, nous sommes ici en présence d’un pur survival, genre qu’on a davantage l’habitude de fréquenter dans les salles obscures que dans les pages d’un roman, à fortiori sous la plume d’un auteur français.
Si Franck Thilliez n’est pas un styliste, c’est en revanche un raconteur d’histoire efficace. Doublé d’un amoureux des littératures de genre, du thriller à la SF, comme en témoigne sa bibliographie. Porté par un succès commercial considérable (traduit dans une douzaine de langues, notamment aux USA chez Penguin, adapté au cinéma — La Chambre des morts, par Alfred Lot), après une dizaine de romans publiés, il joue aujourd’hui dans la cours des Maxime Chattam et autre Jean-Christophe Grangé, la simplicité en plus, sans doute, en tout cas en ce qui concerne ce dernier, et peut-être même une vraie sincérité dans sa démarche littéraire et son approche des genres…
Aucun doute, Franck Thilliez a biberonné du cinéma d’horreur dès tout petit. Avec le présent Vertige, il rend hommage à cette influence séminale de jolie manière (on pense immédiatement au travail d’Eli Roth, au Saw de James Wan ou encore à The Descent de Neil Marshall), toute d’efficacité, comme il se doit. Une sorte de déclaration d’amour au domaine, en somme, avec ses figures imposés et un twist final (un double twist, même !) un peu téléphoné mais qui fait néanmoins son effet. Sans doute reprochera-t-on au présent livre quelques grosses ficelles, ça et là quelques dialogues convenus peu crédibles et décalés. Sans doute, oui. Mais demeure un bouquin de pur divertissement dans un registre finalement assez peu pratiqué par chez nous, une lecture plaisir qui s’avale d’une traite et remplit parfaitement son contrat.
Au final, Vertige achève de placer son auteur au rang des créateurs français populaires assumant pleinement leurs inspirations, quelque part entre Alexandre Aja et Abel Ferry, deux réalisateurs qui seraient bien inspirés de lire le présent roman… Et si Franck Thilliez n’est pas encore Stephen King, il l’a lu, assurément, y a pris plaisir, c’est l’évidence, et compris, n’en doutons pas, le chemin à suivre. Tant mieux.