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Les critiques de Bifrost

Voyage au pays de la quatrième dimension

Gaston (William Adam) de PAWLOWSKI, Gus BOFA, Fabrice MUNDZIK, Claude ORVAL, Gabriel de LAUTREC, René BUZELIN, SEG, Robert TRÉNO, Robert OUDOT, Olivier DIRAISON-SEYLOR
FLATLAND
20,00 €

Critique parue en avril 2024 dans Bifrost n° 114

Écrivain, docteur en droit, critique littéraire, reporter sportif, Gaston de Pawlowski (1874-1933) reste aujourd’hui surtout connu d’un petit public d’amateurs de curiosités et de vieilleries pour son Voyage au pays de la quatrième dimension. Paru une première fois en 1912, le roman a bénéficié d’une refonte en 1923, avant d’être réédité tous les vingt ou trente ans, jusqu’à la présente édition dite du centenaire chez Flatland. Une version rehaussée d’une longue postface de Fabrice Mundzik, qui tient du travail de fourmi pour avoir relevé tous les repentirs, rajouts et retraits faits par l’auteur entre les différentes éditions parues de son vivant, ainsi que d’articles venant compléter ledit Voyage et de quelques brèves fictions rédigées par d’autres auteurs s’inspirant du roman de Gaston de Pawlowski. Cela, sans oublier les illustrations originales de Léonard Sarlouis (qui auraient mérité un papier un rien moins fin pour mieux briller). Tout ceci devrait suffire à ravir les connaisseurs.

Et pour les néophytes curieux, de quoi parle ce Voyage au pays de la quatrième dimension ? Composé d’une cinquantaine de chapitres, comme autant d’articles parus dans différents supports puis rassemblés de façon à former un récit cohérent, ce livre est moins une exploration de ce thème, en vogue à l’époque, qu’est la quatrième dimension physique — même si les premiers chapitres abordent quelques impossibilités topologiques que seule une quatrième dimension physique peut expliquer — qu’un panorama des temps futurs. La quatrième dimension, ici, est selon Pawlowski davantage une forme élevée de la conscience, qui privilégie la qualité des choses. Au fil des chapitres, ce Voyage prend l’apparence d’un catalogue d’idées et d’inventions, dont certaines préfigurent de nombreux tropes de la SF : citons en vrac la communication avec Mars, dont les habitants répondent en français aux humains ; un procédé de rajeunissement des élites (des vieillards cacochymes retrouvant leur vingt ans sous le règne d’un Léviathan très hobbesien), ledit Léviathan dont la chute trouve ses prémices dans une révolte de singes ; la lévitation universelle, qui devient un moyen de transport, au risque de provoquer quelques perturbations – des « forces vagabondes » donnent une conscience aux objets – qui finissent par exaspérer, après quoi, on voyage par corps astraux : d’où l’apparition de corps de location, à disposition là où le corps astral arrive. Il y a aussi des animaux mécaniques qui deviennent vivants et des microbes devenus géants suite à un procédé, et qu’on finit par empailler.

Récit aussi curieux que fascinant, Voyage au pays de la quatrième dimension méritait bien cette remise en lumière à l’occasion de ses cent ans. Avis aux amateurs.

Erwann PERCHOC

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