Vétéran des forces spéciales devenu agent de sécurité pour une mission archéologique, Blake est frappé lors d’une attaque par une balle incandescente d’un nouveau type, un projectile qui l’aurait entièrement brûlé s’il n’avait saisi, dans la crypte où il s’était réfugié, une dague récupérée dans le ventre d’un cadavre, et qui a agi à la façon d’un talisman. Il se réveille à l’hôpital, affreusement défiguré, assailli de visions antiques qu’il ne comprend pas, et se découvre doté de pouvoirs et de capacités extra-sensorielles. La descente aux enfers de Blake se poursuit : désormais sans emploi, trompé par sa femme, il découvre que sa fille se drogue. Devenu amer et violent, il tue involontairement le fils de son meilleur ami, qui le poursuit dès lors de sa haine vengeresse. Recueilli par un vieil homme, Hasvérus, ce dernier lui apprend qu’il est entré en possession d’une des quatre Clés décuplant ses capacités latentes. Lui-même se présente comme le gardien intemporel de ceux qui entrent en possession desdits Clés, afin de les aider dans la prise en main de leurs pouvoirs. Traqué par les forces de l’ordre, apprenant que rien de ce qui lui arrive n’est dû au hasard et réalisant que Hasvérus ne lui dit pas tout, Blake devient un Waldgänger, un guerrier solitaire qui se cache dans la forêt… et doit pour sauver sa peau déjouer un complot d’envergure menaçant la ville et bien davantage.
Cette ville, c’est Yumington, une cité imaginaire que Jeff Balek, artiste transmédia, a mise en scène à diverses époques et sous diverses formes : univers virtuel collaboratif, album rock, magazine, jeu ; le présent ouvrage a d’ailleurs connu une première publication numérique en six épisodes. Qui découpent le récit en autant d’étapes vers l’identification de la menace et la maîtrise des pou-voirs du héros. Ceux-ci ne cessent de grandir, alors que Blake est confronté à des ennemis hors normes, jusqu’à faire de lui un super-héros hantant les toits de Yumington tel Batman ceux de Gotham.
Le techno-thriller et le fantastique à l’œuvre au début du récit s’orientent progressivement vers une narration propre au comics, où le spectaculaire des combats de super-héros importe plus que la logique ou la vraisemblance. Mais à ce stade du récit, le lecteur est trop fermement ferré pour lâcher le livre avant la fin.
Avec des chapitres ultra brefs, dimensionnés pour la lecture sur smartphone, Jeff Balek mène son intrigue sans temps mort, entretenant un suspense parfois artificiel mais soutenu. Nerveux, rapide, violent, Waldgänger utilise sans vergogne tous les codes du page-turner avec une indéniable maestria, ce qui permet de ranger ce roman parmi les meilleurs pourvoyeurs d’adrénaline du moment.