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Les critiques de Bifrost

Witch World. Le cycle de Simon Tregarth

Witch World. Le cycle de Simon Tregarth

Andre NORTON
MNÉMOS
24,00 €

Bifrost n° 112

Critique parue en octobre 2023 dans Bifrost n° 112

Si le nom d’Andre Norton (1912-2005) ne dira rien au lecteur français moyen, c’est en revanche une référence absolue pour le monde anglophone, lecteurs mais aussi, surtout, auteurs : avec près de 70 ans de carrière et plus de 300 livres publiés, Norton a eu une influence considérable sur des générations entières d’autres écrivains. L’autrice (qui adopta, comme d’autres, un pseudonyme masculin à une époque où ne pas le faire était compliqué) est ainsi une icône à l’égal d’une Leigh Brackett, voire d’une Ursula Le Guin.

Pour le 60e anniversaire de la parution du premier tome de son cycle phare « Witch World » (comprenant des dizaines de textes, dont des romans coécrits avec d’autres auteurs, et des recueils de nouvelles supervisés par Norton), Mnémos a l’excellente idée de proposer, dans une traduction inédite, un omnibus comprenant les deux premiers romans de cette vaste saga, 30 ans après la précédente édition française. Le point de départ est très classique, dans la lignée du Trois cœurs, trois lions de Poul Anderson, ou du Une Princesse de Mars d’E.R. Burroughs : un terrien moderne franchit, pour fuir ses ennemis, un portail dimensionnel, et se retrouve dans un autre lieu, et/ou peut-être un autre temps. Un monde de fantasy centré sur le pays d’Estcarp, dirigé par les Sorcières, étant entendu que seules certaines femmes peuvent posséder le Pouvoir. Ses ennemis, au nord et au sud, veulent sa perte, se défiant de sa magie et de sa gynocratie. Les hommes, cependant, n’y sont pas réduits à un statut inférieur : ils remplissent leur propre rôle, assurant la défense martiale de la contrée. La défiance envers les Sorcières s’étend cependant même à certains de leurs alliés, les Fauconniers, ce qui ne les empêche pourtant pas de faire front commun quand une mystérieuse nation venue d’Ailleurs (autre continent, autre temps, autre monde ?), le Kolder, use d’une autre forme de pouvoir, la science, d’une façon terrifiante. D’ailleurs, les vestiges d’âges plus avancés technologiquement ne sont pas inconnus à Estcarp et ses environs : lance-dards, lumières électriques, générateurs, etc.

Peut-être en réaction au fait d’être obligée de prendre un pseudonyme masculin, Norton a créé une science-(high)fantasy hautement féministe, sans pour autant donner dans la radicalité ou la guerre des sexes, sans sacrifier à un côté engagé le souffle épique de l’aventure, du combat entre magie et science, entre Bien et Mal. Sur quelque plan que ce soit (y compris celui de la romance), cet omnibus se révèle une lecture très enthousiasmante, magnifiée par une excellente traduction, et une œuvre sans nul doute à la hauteur de sa considérable réputation.

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