Bifrost n° 19
« Thomas se réveille dans l'antre de Maneki Neko. Il est couché sur le lit moisi de cette garce blottie contre lui, tout contre.
Il essaye de se lever.
Aouch !
Il a mal à l'arcade sourcilière — il touche : c'est recousu sur au moins deux centimètres. Il a mal aux dents — il plonge ses doigts dans sa bouche : extrait un bout de molaire de sa mâchoire maltraitée.
Il a mal au flanc droit — il caresse la plaie : compte au moins treize points. Il reconnaît sa façon particulière de faire des points.
Maneki Neko — nue, le sexe rasé avec soin au point de ressembler à celui d'un bébé — lui murmure à l'oreille :
« Tout à l'heure, à l'Arène, tu as été incroyable, tu as tué ton adversaire, cet acteur que tu détestais tant, avec... une rage magnifique.
— Tué ? Un acteur ? Quel acteur... »
Elle pose ses doigts sur son flanc meurtri pianotant doucement sur les points douloureux.
« J'adore les cicatrices, les points de suture, la chair bombée par l'infection, les tatouages aussi, mais dans le cas qui nous concerne ce n'est pas le plus important.
— C'est quoi le plus important ?
— Ce que j'ai mis à l'intérieur de ton corps. »
Elle prend le bol et lui montre.
Du riz ?
II regarde avec plus d'attention et s'aperçoit que ce qu'il a pris pour du riz bouge, grouille. »
Bienvenue sur le Dirty Boulevard de Thomas Day et en route pour la joie !