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Philippe PAYGNARD

Disponible   À paraître   Bientôt épuisé   En réimpression   Épuisé

Bifrost n° 26

Comment je me retrouve au Bord du Monde, le cul planté dans la neige, à bouffer du saumon en tenant le crachoir a un grizzli déguisé en indien et qui veut que je lui raconte mon histoire ? Comment ma caisse est passée de la marque Chevrolet à celle, plus improbable, de Rocco Siffredi's Motors ? Pourquoi j'exhale cette douce odeur de merde de crocodile, cette subtile fragrance assaisonnée aux relents de camembert Fauchon ? Pourquoi ?

 

Ça, c'est mon trip a moi, mec, mon putain de trip, mon american drug trip...

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Bifrost n° 25

« Ses pattes atrophiées, repliées sous son torse, semblent d'inutiles appendices de chair molle. Sa tête repose, couchée sur une plate-forme soutenue par un échafaudage. Il a les yeux mi-clos, et de grands filets larmoyants pendent sous ses paupières. La partie supérieure de sa boîte crânienne a disparu. On devine, à la lueur des lanternes, l'éclat terne de l'acier, et celui, plus chaleureux, du cuivre, qui lui font une couronne obscène en lieu et place du cerveau. Un bouquet de câbles s'échappe de l'ouverture et court se perdre vers le fond de la soute, où chuintent des machines. L'échine est fendue. Les Ingénieurs ont pratiqué une large incision sur près de deux mètres en hauteur. Un cocon d'acier emplit l'espace béant. A l'intérieur, une couchette installée à la verticale, flanquée de cadrans et d'une douzaine de leviers... »

« Trouver son cœur et tuer la bête », de Johan Heliot, un fantastique récit prenant pour cadre l'univers de La Lune seule le sait, prix Rosny Aîné du meilleur roman.

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Bifrost n° 24

« Une voix hurle quelque part. Reno se déplace à la vitesse de la lumière. L'univers crie de douleur autour de lui. La clarté l'éblouit. Les odeurs piquent ses narines. Au-dessus de lui nagent les étoiles, leur doux éclat brouillé par les larmes.

Il est allongé sur le dos. Sous lui, quelque chose se froisse et bruisse. Les étoiles le contemplent de leurs pupilles illuminées.

Reno bouge le bras. Un geste des plus simples, pourtant il a oublié comment l'effectuer. Il veut essuyer les larmes sur son visage, mais touche sa tempe par erreur et y sent un objet, un câble fiché dans son crâne. Sa coordination est sérieusement détériorée. Son corps lui semble erroné. Il a mal à la gorge, un goût infect dans la bouche. Il se rappelle où il est, ce qu'il fait ici. Il se rappelle que les hurlements étaient les siens.

Il se souvient de ce que ses amis lui ont demandé en échange de certains services.

Il se souvient de ce qu'on ressent en mourant. »

Walter Jon Williams
Solip:système

Épuisé  

Bifrost n° 23

« Quand l'explorateur arctique s'éveille de son cauchemar de glace et de vent, il retrouve un monde de glace et de vent. Ses gelures qui se sont réchauffées dans son sac de couchage lui donnent l'impression d'avoir les pieds et les mains en feu. La douleur est presque insupportable, mais il se convainc qu'il va vivre. Du moment que son compagnon est en état de conduire le traîneau, lui-même survivra. Il se traîne hors de la tente, plisse les yeux sous l'éclat du soleil. Lorsqu'il s'aperçoit que les chiens et le traîneau sont partis, il reste longtemps à contempler leurs traces qui s'effacent dans le vent. Dans mes rêves, les morts portent témoignage.

Du fond de la mer, les marins morts agitent les bras.

Gelé dans la glace, un doigt de cuir pointe et accuse.

Tic-tac tic-tac, fait mon cœur dans son compte à rebours vers le zéro. »

Bruce Holland Rogers

L'Autre Bord (Prix Nebula)

Épuisé  

Bifrost n° 22

« C'est un jeu hors du temps. Il fait bon s'y prélasser, à l'heure où le soleil à l'horizon s'émiette en un dernier rougeoiement. On se laisse bercer, alangui au creux d'un rocking-chair. Un vieux chien est couché de tout son long sur le plancher de la véranda. Un verre de whisky couleur de miel est posé sur une table basse, à portée de la main... Le temps d'un soupir et ce sera bientôt l'heure où les voisins viennent dire un petit bonjour. Il v aura Thorndyke et Bauncer, dont la malice ne s'est pas émoussée en presgue sept décennies. Il y aura aussi Brad : lui passe désormais le plus clair de son temps à se balader dans la vieille Ford T qu'il a enfin fini par retaper ! Il y aura Enoch Wallace : cent vingt-quatre ans mais qui en paraît à peine trente. Il y aura peut-être les nouveaux voisins : des gens discrets qui viennent d'on ne sait où... d'un repli de l'espace ou d'un autre temps, mais quelle importance ? Il y aura sans doute Hezekiah, Richard Daniel ou le vieux Jenkins : plus humains nombre d'humains. On boira un verre. On papotera. On évoquera des souvenirs d'antan. Mon Dieu, qu'est-ce qu'on sera bien ! »

De Demain les chiens à Au Carrefour des étoiles, Clifford Donald Simak nous laisse une des oeuvres les plus personnelles de la S-F mondiale. Un monument que nous avons tenté de cerner dans ce numéro spécial, qui se veut autant un hommage à celui qui « écoutait les étoiles » qu'une invite à (re)découvrir ses univers.

Épuisé  

Bifrost n° 21

D'abord l'odeur : caoutchouc brûlé, pneus cuits par le soleil, carburant au goutte à goutte...

Au loin, quelques grattements — griffes sur la tôle tiède.

Ton corps en alerte t'oblige à ouvrir les yeux. Toute résistance est vaine. Ils sont de plus en plus proches. Menaçants — griffes sur la tôle tiède.

La lumière pénètre ton œil ; aveuglement suivi de quelques nuages d'insectes lumineux. Enfin ton regard trouve un chemin vers la réalité : minuscule triangle de ciel nocturne.

Tu es assis dans une épave de voiture.

Tu ne comprends pas ce que tu vois : des carcasses broyées sur ta gauche et ta droite, des voitures couches sur couches, devant, derrière, dessous, au-dessus, qui t'étouffent et te laissent juste apercevoir la Lune — pleine comme un ventre qui attend l'enfant.

Déjà un coup de patte précis...

Sur ta droite, le verre sécurit explose. Derrière, un animal grogne. Devant, ses congénères hurlent à la mort... Des loups ?

Une gueule jaillit des ténèbres pour te saisir à la gorge. Longue et puissante, brillante de salive.

Une patte déchire ta chemise et laisse paraître les poils sombres qui couvrent ta poitrine.

Un goût de métaux envahit ta bouche.

Te voilà sur le long ruban d'Extermination Hiqhway, une route qui ne connaît pas de fin...

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Bifrost n° 20

« Tout ce que tu feras maintenant sera pour Béatrice. Quand tu regarderas à travers ton télescope, tu le feras en hommage à Sa création. Quand tu mangeras, que tu boiras ou que tu nageras, tu le feras pour rendre grâces à Ses présents. »

J'acquiesçai avec enthousiasme. De retour dans la cabine, Daniel récita les Ecritures, des passages que je n'avais jamais réellement compris auparavant, mais qui me semblaient maintenant parler de ce que je ressentais. C'était comme si j'ouvrais le livre et que mon nom s'y trouvait mentionné à toutes les pages.

La Fille de Dieu était avec moi : je pouvais sentir Sa présence, comme une flamme dans mon cerveau, irradiant de la chaleur à travers l'obscurité, sous mes paupières.

M'apportant du réconfort, me procurant de la force.

Me donnant la foi. »

La foi. Ses implications sociales, politiques, sa dictature morale qui, insondable paradoxe, peut être un espace de liberté pour certains, ses mensonges et ses vérités... Greg Egan, comme toujours, nous invite à réfléchir sur nous-mêmes avec un texte qui, outre-Atlantique, est considéré comme un chef-d'œuvre et a valu à son auteur le Prix Hugo. Une S-F qui dénonce, interpelle, qui scrute et dissèque. Epoustouflant.

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Bifrost n° 19

« Thomas se réveille dans l'antre de Maneki Neko. Il est couché sur le lit moisi de cette garce blottie contre lui, tout contre.

Il essaye de se lever.

Aouch !

Il a mal à l'arcade sourcilière — il touche : c'est recousu sur au moins deux centimètres. Il a mal aux dents — il plonge ses doigts dans sa bouche : extrait un bout de molaire de sa mâchoire maltraitée.

Il a mal au flanc droit — il caresse la plaie : compte au moins treize points. Il reconnaît sa façon particulière de faire des points.

Maneki Neko — nue, le sexe rasé avec soin au point de ressembler à celui d'un bébé — lui murmure à l'oreille :

« Tout à l'heure, à l'Arène, tu as été incroyable, tu as tué ton adversaire, cet acteur que tu détestais tant, avec... une rage magnifique.

— Tué ? Un acteur ? Quel acteur... »

Elle pose ses doigts sur son flanc meurtri pianotant doucement sur les points douloureux.

« J'adore les cicatrices, les points de suture, la chair bombée par l'infection, les tatouages aussi, mais dans le cas qui nous concerne ce n'est pas le plus important.

— C'est quoi le plus important ?

— Ce que j'ai mis à l'intérieur de ton corps. »

Elle prend le bol et lui montre.

Du riz ?

II regarde avec plus d'attention et s'aperçoit que ce qu'il a pris pour du riz bouge, grouille. »

Bienvenue sur le Dirty Boulevard de Thomas Day et en route pour la joie !

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Bifrost n° 17

« Ma soeur repose, paisible, dans la chambre d'en face. Allongée sur le dos, les doigts un peu recourbés, les jambes tendues, droites tels des elindels. Son petit nez effronté, bien plus joli que le mien, pointe délicatement. Sa peau a l'éclat d'une fleur. Mais non celui de la santé. Bien sûr, elle est morte. Je me glisse hors de mon lit et reste un instant immobile, vacillante, saisie de mon vertige matinal. Une guérisseuse terrienne m'a dit un jour que ma pression sanguine était trop basse, exactement le genre d'absurdités que racontent les Terriens — ils expliquent que l'air est trop humide, aussi. L'air est ce qu'il est, tout comme je suis ce que je suis. Une meurtrière. »

Nancy Kress est née à Buffalo en 1948. En une quinzaine de romans et près d'une soixantaine de nouvelles, elle s'est imposée comme une figure incontournable de la science-fiction américaine moderne. Les Fleurs de la prison d'Aulite est un texte stupéfiant, une expérience de xéno-pensée profondément troublante. En fait un texte si remarquable que, non content d'avoir été élu meilleure nouvelle de l'année 97 par les lecteurs de la revue Asimov's Science Fiction, il remporta coup sur coup — fait rarissime — les prix Locus, Nebula et Theodore Sturgeon Award...

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Bifrost n° 16

« Je m'appelle Rohr Furland. Pour le meilleur et pour le pire, je suis astronaute, comme mon père et ma mère avant moi. Tradition familiale, quoi.

[...] Je vis le jour dans le luxe d'un deux-pièces sous Tycho pendant le premier anniversaire de l'indépendance de la Fax. On m'a raconté que mon père avait célébré l'événement en se saoulant au picrate lunaire et en baisant la sage-femme qui m'avait mis au monde.

[...] Tout cela fit de moi un corniaud, un vrai fils de bâtard, accoutumé aux bouteilles d'air et à l'apesanteur avant d'être sorti des couches. Pour mes seize ans, je reçus ma carte du syndicat et le conseil de trouver du travail ; deux semaines avant mes dix-huit ans, la navette de BOT où je venais juste d'engager comme manutentionnaire se posa sur une piste de Galveston et, avec l'aide d'un exosquelette, je marchai sur la Terre pour la première fois. J'y passai une semaine, le temps de me casser le bras droit en chutant sur un trottoir à Dallas, de perdre ma virginité dans un claque d'El Paso, et de me taper une vilaine crise d'agoraphobie face aux vastes étendues du Texas. Merde au berceau de l'humanité : je rembarquai pour la Lune à la première occasion et fêtai mes dix-huit ans avec un gâteau d'anniversaire dépourvu de bougies. »

Allen Steele, auteur américain né à Nashville en 1958, a publié six romans et une quarantaine de nouvelles. Généralement présenté comme un écrivain de hard science, il n'en est pas moins un extraordinaire conteur : en témoigne cette Mort du capitaine Futur, court roman de space opéra au ton ironique qui lui valut le très prestigieux prix Hugo en 1996.

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