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Ursula K. LE GUIN

Née en 1929 et décédée en 2018, Ursula K. Le Guin est une figure emblématique des littératures de l’imaginaire. Elle commence à écrire dès l’âge de onze ans et sera publiée régulièrement à partir des années 60. Mais c’est avec La Main Gauche de la Nuit, publié en France chez Robert Laffont en 1971 et lauréat des prix Hugo et Nebula, qu’elle connaît le succès. Ce roman, qui interroge les dynamiques de genre dans une société où toustes sont androgynes, est emblématique du « Cycle de l’Ekumen », dans lequel Le Guin utilise le trope d’une humanité multi-planétaire pour explorer des sociétés très diverses. C’est en 1974 que le cycle de l’Ekumen connaît son paroxysme avec Les Dépossédés, une utopie anarchiste qualifiée par l’autrice elle-même d’« utopie ambiguë ». Profondément engagée contre la guerre du Viêt Nam, inspirée par Pierre Kropotkine et Paul Goodman, Le Guin a ici voulu écrire sur la paix, l’ouverture du dialogue entre deux peuples voisins en apparence trop distincts pour s’entendre.

Pour connue qu’elle soit dans le monde de la science-fiction, l’autrice s’est aussi fait remarquer en fantasy, par l'écriture du « Cycle de Terremer », dont la parution des nouvelles et romans s’étale entre 1964 et 2018. Inspiré de la philosophie taoïste que Le Guin a étudiée des décennies durant, il propose une fantasy pacifiste dont sont absents les grands affrontements guerriers qui caractérisent l’heroic fantasy de l’époque.

S’il est dur de résumer son œuvre aussi riche que variée, qui lui aura notamment valu sept prix Hugo, six Nebula et, en France, un Grand Prix de l’Imaginaire, un certain nombre de ses textes sont à mentionner. Les recueils Aux douze vents du monde et Les Quatre vents du désir rassemblent bon nombre de ses nouvelles majeures.

Sa trilogie de fantasy « Chroniques des rivages de l’Ouest » (publiée chez l’Atalante en 2010), loin des poncifs du genre, aborde avec finesse diverses thématiques, qu’elles soient éthiques ou politiques. Dans Lavinia (2011), son ultime roman, Le Guin revisite l’Énéide à travers le prisme des intrigues familiales d’une protagoniste parfaitement incarnée…

Le numéro 78 de la revue Bifrost la met par ailleurs à l’honneur au travers d’un dossier complet.

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Bifrost n° 25

« Ses pattes atrophiées, repliées sous son torse, semblent d'inutiles appendices de chair molle. Sa tête repose, couchée sur une plate-forme soutenue par un échafaudage. Il a les yeux mi-clos, et de grands filets larmoyants pendent sous ses paupières. La partie supérieure de sa boîte crânienne a disparu. On devine, à la lueur des lanternes, l'éclat terne de l'acier, et celui, plus chaleureux, du cuivre, qui lui font une couronne obscène en lieu et place du cerveau. Un bouquet de câbles s'échappe de l'ouverture et court se perdre vers le fond de la soute, où chuintent des machines. L'échine est fendue. Les Ingénieurs ont pratiqué une large incision sur près de deux mètres en hauteur. Un cocon d'acier emplit l'espace béant. A l'intérieur, une couchette installée à la verticale, flanquée de cadrans et d'une douzaine de leviers... »

« Trouver son cœur et tuer la bête », de Johan Heliot, un fantastique récit prenant pour cadre l'univers de La Lune seule le sait, prix Rosny Aîné du meilleur roman.

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