« Que pouvait bien observer cet homme assis au sommet du temple érigé jadis en notre honneur ?
Nous sondâmes son esprit.
Un chasseur, un prédateur froid et implacable à même de tuer sans une once de remords. »
Imaginez. Dominer l’antique cité maya de Cancuen, espionner en Irak, en Lybie, au Japon, voguer au large de la côte italienne, convoyer les premiers éléments de l’une des plus grandes découvertes de l’humanité : des vestiges technologiques d’une civilisation inconnue ayant vécu sur Terre. Tout en étant du mauvais côté.
En 1939, Friedrich Saxhäuser est probablement le meilleur agent du SD Ausland, les services secrets de la SS dirigée par Heydrich sous la haute autorité d’Himmler. Ses états de services sont exemplaires mais, surtout, Saxhäuser s’est toujours trouvé acteur de l’Histoire à l’endroit où elle s’écrivait : héros de Verdun en 1916, il sauve Hitler lors du putsch de 1923, entre autres. Ces faits d’armes et une fréquentation précoce et assidue des brasseries où l’on cause fort lui permettent d’obtenir la confiance du maître de l’ordre noir et du Führer en personne, dont il lui arrive de recevoir des ordres directs.
Agent double, Saxhäuser nage dans les eaux troubles des luttes intestines du pouvoir nazi à l’orée de la Seconde Guerre mondiale. Il détient maintenant des informations à même de donner un avantage décisif à un IIIe Reich barbare auquel il ne croit plus et dont sa conscience aimerait bien se dégager. Jalousé de ses pairs, étroitement surveillé par sa hiérarchie, traqué par les futurs Alliés, Saxhäuser ne tardera pas à attirer l’attention des propriétaires de sa découverte. Mais qui sont-ils ?
Il apparaît que les éditions du Bélial’ ont mis la main sur un très gros morceau avec la tétralogie « Origines » dont Le Château des millions d’années est le premier volume. Le héros, Friedrich Saxhäuser, qui tient autant de T.E. Lawrence que du James Bond de Ian Fleming est ici mis en scène avec un réalisme digne de Destination Danger. Au fil des pages, la curiosité du lecteur ne cesse d’être aiguillonnée par les ingrédients qui ont fait le succès de séries comme X-Files ou Lost. Mystères, conspirations, flashbacks permanents et action effrénée s’imbriquent les uns aux autres comme un puzzle qu’on devine déjà gigantesque.
Mais ce qui place Stéphane Przybylski réellement au-dessus de la mêlée, c’est son aptitude à digérer ses influences pour créer son propre univers, à parfaitement maîtriser le contexte historique pour insuffler la vie à ses personnages (les cadres du parti nazi n’ont jamais eu l’air aussi vivant depuis 1945), à structurer habilement son roman de sorte à ne pas laisser son lecteur reprendre son souffle sur ces 380 pages qu’on aurait espérées plus nombreuses. Ce n’est pas donné à tout le monde…
Le Bélial’ a eu la bonne idée de commencer à diffuser Le Château… sous forme de feuilleton numérique, mais le chroniqueur doit avouer, non sans une certaine angoisse, qu’il lui tarde déjà de lire le second volume, Le Marteau de Thor, prévu pour février 2016.
Un conseil : foncez !