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Les critiques de Bifrost

Le Cimetière des Saints

Richard Paul RUSSO
LE BÉLIAL'
352pp - 21,00 €

Critique parue en janvier 2008 dans Bifrost n° 49

Deuxième roman de Richard Paul Russo après l'excellent La Nef des fous, Le Cimetière des saints relève du plus pur space opera mâtiné de planet opera, pour un cocktail étrangement insipide à l'arrivée. L'efficacité de la plume de Russo n'est pourtant pas à mettre en doute. Action, suspense et… mystère d'envergure cosmique, autant d'éléments qui, a priori, sont susceptibles d'attirer l'attention du lecteur à défaut de l'enthousiasmer. Attiré, on l'est évidemment dès le départ : un vaisseau dont on ne connaît pas grand-chose se crashe sur une planète. Vue à travers les yeux d'un enfant de 5 ans, l'attaque — car c'en est une — n'a bien sûr rien de très explicatif. Qui attaque qui, et pourquoi ? Mystère. Reste qu'une navette de sauvetage embarque enfant et nurse vers le monde de Conrad, une planète qui orbite dans les parages, et que l'atterrissage est rude. Recueilli/enlevé par une bande comme il en existe tant sur la planète, le gamin passe une enfance de semi-esclave en n'ayant que très peu de souvenirs de son ancienne existence. Il s'appelle Cal Alexandros, son père est quelqu'un d'important, il vient d'un autre monde, autant d'éléments qu'il chérit secrètement au sein d'une existence misérable. Une existence qui, on s'en doute, va prendre un tour nouveau quand Cal décide de s'enfuir. On le voit, tous les ingrédients sont là pour faire du Cimetière des saints un roman initiatique comme les autres. Un enfant à l'ascendance mystérieuse, une planète qui regorge de secrets, et l'apprentissage (difficile) d'une vie qui apporte son lot de surprises et de révélations… Rien de bien nouveau, donc, si ce n'est la façon étrangement désincarnée qu'à Russo de traiter son sujet. Cal part bien évidemment à la recherche de sa destinée, le Monde de Conrad se révèle être une planète-prison, et le destin de l'humanité est en marche. En principe, il y a de quoi donner dans le palpitant. Mais à mesure que le scénario se développe dans un classicisme formel sans grande invention, on a l'impression que Russo ne s'intéresse plus à ses personnages et finit par s'ennuyer. Une bonne idée, un scénario a priori millimétré pour produire un bon page-turner, mais patatras, Le Cimetière des saints lasse. Rien d'affreux à tout ça, cependant, tant le professionnalisme de l'auteur fait le reste, mais une sensation tenace de laissé aller qui gâche la lecture de ce qui est manifestement un roman raté. Tout ça n'a, répétons-le, rien de bien scandaleux, mais de la part d'un auteur capable d'accrocher son lecteur comme il l'a si bien fait dans La Nef des fous, on espérait un tout petit peu mieux. Reste que Russo a produit d'autres livres et que les traduire permettrait au lectorat français de découvrir d'autres facettes d'une œuvre qui s'annonce foisonnante et originale.

Patrick IMBERT

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