OPEX est l’acronyme de l’armée française pour « opération extérieure ». Le texte de Laurent Genefort reprend cette idée en la généralisant : une opexx y consiste à envoyer des soldats vers des missions ailleurs dans l’Univers.
Dans un futur pas trop éloigné, l’espèce humaine a été admise sous un statut bâtard dans une communauté de civilisations extraterrestres : un droit d’accès limité à l’espace a été conféré à l’humanité, jugée encore trop jeune ou trop peu mûre pour une pleine intégration. Ce droit se limite en grande partie à une contribution militaire : c’est ainsi que les premiers humains à quitter la Terre pour d’autres mondes – certains si lointains ou si différents qu’ils défient la compréhension – ne sont autres que des soldats, et constituent un corps pouvant s’apparenter à des forces mercenaires telles que la garde varègue byzantine. La technologie limite autant que possible les interactions avec la vie extraterrestre – qu’elles soient biologiques ou intellectuelles – et lorsque cela ne suffit pas, l’esprit de corps mais aussi le nombre de contrats d’opexx restreint viennent garantir que les soldats ne se retranchent pas de l’humanité.
Le narrateur de cette histoire possède une particularité conduisant à faire sauter les verrous que constituent ces précautions. Le danger ne l’effraie pas – ni celui de la guerre sur une terre étrangère, à laquelle tous ces soldats sont de toute façon habitués… ni ceux que représentent les pathogènes et les contaminants produits par une biologie différente – et il finit en réalité par apprécier les opexx. Non pour la possibilité d’accomplir son travail, ni même pour le plaisir de toucher un salaire conséquent, mais bel et bien parce qu’elles sont l’occasion pour lui de voir du pays et de toucher du doigt d’autres réalités que la sienne. Et cela marche : ces autres réalités le contaminent… au point où il sera peut-être le premier être humain à s’intégrer pour de vrai à cette communauté de civilisations qui n’admet pas tout à fait l’humanité…
La guerre est, selon von Clausewitz, la continuation de la politique par d’autres moyens. Ce que Laurent Genefort nous raconte ici, c’est une histoire où la guerre est peut-être le point de départ d’une politique nouvelle. Le narrateur d’Opexx est-il le premier déserteur interstellaire… ou bien le premier élément de preuve au dossier d’une intégration pleine de l’humanité à une communauté d’intelligences ? C’est dans cette question laissée sans réponse que le texte trouve son intérêt, et prend son individualité par rapport à un Points chauds : si le nouvel état des choses y est là aussi imposé à l’humanité, peut-être que celle-ci saura se l’approprier plutôt que de finir par l’admettre… Et c’est dans cette possibilité qu’Opexx devient un texte aussi positif que fascinant.