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Les critiques de Bifrost

Zombies, un horizon de cendres

Zombies, un horizon de cendres

Jean-Pierre ANDREVON
LE BÉLIAL'
220pp - 13,00 €

Bifrost n° 35

Critique parue en juillet 2004 dans Bifrost n° 35

Jean-Pierre Andrevon aime les zombies, c'est entendu. Après plusieurs romans consacrés (au moins en partie) à ce sujet purulent par essence (dont le très efficace Les Revenants de l'ombre, toujours dispo en « PdF » si on cherche bien), l'animal récidive en sortant au Bélial' Zombies, un horizon de cendres, réjouissante contribution au genre à défaut d'être un chef-d'œuvre intemporel.

Sous une couverture qualifiée d'ignoble ou de géniale en fonction des lecteurs (une zombie aux gros seins portant un fusil à pompe, dotée d'un très transparent t-shirt sur lequel on peut lire « fuck the dead » — élégant et chic), le roman se laisse lire, sans toutefois renouveler ce courant littéraire bien particulier qu'est la littérature de morts-vivants.

Si l'histoire est basique, Jean-Pierre Andrevon s'amuse beaucoup et s'offre un hommage aux ténors du genre, de Romero à Matheson, le tout via un scénario ultra classique (dont on retrouve certains éléments au cinéma dans le très recommandable 28 jours plus tard de Danny Boyle) : un mystérieux trou noir qui passe par hasard dans notre banlieue galactique fait renaître les morts. Tous les morts. Vraiment tous. [Ceux qui aiment la hard science sont instamment priés de ne pas lire le livre, que les choses soient claires.] Ce qui, quand même, fait du monde une vraie foule. Et qui pue.

D'abord sceptiques, les pouvoirs publics sont rapidement débordés par cette marée verdâtre, lente et apparemment désœuvrée. Apparemment seulement, parce qu'au bout de quelques semaines, nos braves zombies font exactement ce qu'ils savent faire, à savoir sucer la cervelle des vivants…

Bref, pour le narrateur, la vie bascule. Sa femme et sa fille le quittent, et le voilà retranché d'abord chez lui, puis finalement dans une ex-caserne, en compagnie de nombreux cinglés de tous bords, bien décidés à massacrer du zombie avant d'y passer pour de bon. Pim, pam, poum, donc, mais avec la plume d'Andrevon, c'est-à-dire avec talent et humour, car à quoi sert de tuer un mort ?

Au final, Zombies, un horizon de cendres n'est pas exactement un roman majeur, tout au plus un divertissement sans conséquence qu'on lira quand même parce qu'Andrevon doit bien payer son électricité et qu'on aime bien Andrevon. Les fanatiques du genre apprécieront, les détracteurs ricaneront et les autres hausseront les épaules.

Patrick IMBERT

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