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Pierre-Paul DURASTANTI

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Bifrost n° 27

Loin de disparaître, l'aspérité créée par l'explosion du module changeait de taille. Elle se dilatait en un immense fil de néant qui ondulait dans l'espace, évoquant un serpent qui repliait son corps en anneaux, un fouet qui claquait sans bruit dans le vide alentour. Hobangui compara la longueur du fil au diamètre du Seuil, mais le nombre qu'il obtenait était trop démesuré pour représenter plus qu'une suite de chiffres déconnectée du spectacle auquel il assistait. Ce qui ondoyait sur l'écran était impensable, monstrueux, c'était...

« Obscène, murmura McLelan. Cette chose est obscène. Il faut l'éliminer. »

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Bifrost n° HS1 : Les univers de Michael Moorcock

« C'étaient des temps obscurs... Des temps de grandes actions et d'immense érudition, des temps de mal obscène et de folles audaces. Alexandre reflétait son temps. D'un souffle il ordonnait un massacre, d'un autre il honorait une cité conquise pour son entêtement à lui résister. Le feu détruisait d'anciens sièges de civilisation, des sages étaient massacrés, des innocents noyés dans le flot de ses conquêtes. Pourtant des hommes de science suivaient les pas de ce disciple d'Aristote — et pour tous il restait une énigme. La Grèce, la Perse, Babylone, l'Assyrie, l'Egypte : toutes tombèrent sous sa coupe. Quatre puissantes races, quatre antiques civilisations ployèrent sous le joug d'Alexandre.

On cherchait à déterminer s'il était une puissance des ténèbres ou des lumières, s'il allait déchirer le monde ou l'unir dans une paix durable.

Une énigme.

Et Alexandre souffrait... »

SPÉCIAL MOORCOCK :

— un court roman inédit

— trois nouvelles inédites

— un guide de lecture

— une bibliographie

— de nombreuses études

Épuisé  

Bifrost n° 25

« Ses pattes atrophiées, repliées sous son torse, semblent d'inutiles appendices de chair molle. Sa tête repose, couchée sur une plate-forme soutenue par un échafaudage. Il a les yeux mi-clos, et de grands filets larmoyants pendent sous ses paupières. La partie supérieure de sa boîte crânienne a disparu. On devine, à la lueur des lanternes, l'éclat terne de l'acier, et celui, plus chaleureux, du cuivre, qui lui font une couronne obscène en lieu et place du cerveau. Un bouquet de câbles s'échappe de l'ouverture et court se perdre vers le fond de la soute, où chuintent des machines. L'échine est fendue. Les Ingénieurs ont pratiqué une large incision sur près de deux mètres en hauteur. Un cocon d'acier emplit l'espace béant. A l'intérieur, une couchette installée à la verticale, flanquée de cadrans et d'une douzaine de leviers... »

« Trouver son cœur et tuer la bête », de Johan Heliot, un fantastique récit prenant pour cadre l'univers de La Lune seule le sait, prix Rosny Aîné du meilleur roman.

Épuisé  

Bifrost n° 22

« C'est un jeu hors du temps. Il fait bon s'y prélasser, à l'heure où le soleil à l'horizon s'émiette en un dernier rougeoiement. On se laisse bercer, alangui au creux d'un rocking-chair. Un vieux chien est couché de tout son long sur le plancher de la véranda. Un verre de whisky couleur de miel est posé sur une table basse, à portée de la main... Le temps d'un soupir et ce sera bientôt l'heure où les voisins viennent dire un petit bonjour. Il v aura Thorndyke et Bauncer, dont la malice ne s'est pas émoussée en presgue sept décennies. Il y aura aussi Brad : lui passe désormais le plus clair de son temps à se balader dans la vieille Ford T qu'il a enfin fini par retaper ! Il y aura Enoch Wallace : cent vingt-quatre ans mais qui en paraît à peine trente. Il y aura peut-être les nouveaux voisins : des gens discrets qui viennent d'on ne sait où... d'un repli de l'espace ou d'un autre temps, mais quelle importance ? Il y aura sans doute Hezekiah, Richard Daniel ou le vieux Jenkins : plus humains nombre d'humains. On boira un verre. On papotera. On évoquera des souvenirs d'antan. Mon Dieu, qu'est-ce qu'on sera bien ! »

De Demain les chiens à Au Carrefour des étoiles, Clifford Donald Simak nous laisse une des oeuvres les plus personnelles de la S-F mondiale. Un monument que nous avons tenté de cerner dans ce numéro spécial, qui se veut autant un hommage à celui qui « écoutait les étoiles » qu'une invite à (re)découvrir ses univers.

Épuisé  

Bifrost n° 21

D'abord l'odeur : caoutchouc brûlé, pneus cuits par le soleil, carburant au goutte à goutte...

Au loin, quelques grattements — griffes sur la tôle tiède.

Ton corps en alerte t'oblige à ouvrir les yeux. Toute résistance est vaine. Ils sont de plus en plus proches. Menaçants — griffes sur la tôle tiède.

La lumière pénètre ton œil ; aveuglement suivi de quelques nuages d'insectes lumineux. Enfin ton regard trouve un chemin vers la réalité : minuscule triangle de ciel nocturne.

Tu es assis dans une épave de voiture.

Tu ne comprends pas ce que tu vois : des carcasses broyées sur ta gauche et ta droite, des voitures couches sur couches, devant, derrière, dessous, au-dessus, qui t'étouffent et te laissent juste apercevoir la Lune — pleine comme un ventre qui attend l'enfant.

Déjà un coup de patte précis...

Sur ta droite, le verre sécurit explose. Derrière, un animal grogne. Devant, ses congénères hurlent à la mort... Des loups ?

Une gueule jaillit des ténèbres pour te saisir à la gorge. Longue et puissante, brillante de salive.

Une patte déchire ta chemise et laisse paraître les poils sombres qui couvrent ta poitrine.

Un goût de métaux envahit ta bouche.

Te voilà sur le long ruban d'Extermination Hiqhway, une route qui ne connaît pas de fin...

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Bifrost n° 19

« Thomas se réveille dans l'antre de Maneki Neko. Il est couché sur le lit moisi de cette garce blottie contre lui, tout contre.

Il essaye de se lever.

Aouch !

Il a mal à l'arcade sourcilière — il touche : c'est recousu sur au moins deux centimètres. Il a mal aux dents — il plonge ses doigts dans sa bouche : extrait un bout de molaire de sa mâchoire maltraitée.

Il a mal au flanc droit — il caresse la plaie : compte au moins treize points. Il reconnaît sa façon particulière de faire des points.

Maneki Neko — nue, le sexe rasé avec soin au point de ressembler à celui d'un bébé — lui murmure à l'oreille :

« Tout à l'heure, à l'Arène, tu as été incroyable, tu as tué ton adversaire, cet acteur que tu détestais tant, avec... une rage magnifique.

— Tué ? Un acteur ? Quel acteur... »

Elle pose ses doigts sur son flanc meurtri pianotant doucement sur les points douloureux.

« J'adore les cicatrices, les points de suture, la chair bombée par l'infection, les tatouages aussi, mais dans le cas qui nous concerne ce n'est pas le plus important.

— C'est quoi le plus important ?

— Ce que j'ai mis à l'intérieur de ton corps. »

Elle prend le bol et lui montre.

Du riz ?

II regarde avec plus d'attention et s'aperçoit que ce qu'il a pris pour du riz bouge, grouille. »

Bienvenue sur le Dirty Boulevard de Thomas Day et en route pour la joie !

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Bifrost n° 18

« Au réveil, Philip K. s'aperçut que, d'humain symétrique, bilatéral et pas trop vilain d'aspect, il s'était métamorphosé pendant la nuit en... corps planétaire arrondi orbitant autour d'une étoile rouge gigantesque et translucide. En Fait, par simple auto-perception, par l'aura globale projetée dans les graines de sa conscience, Philip K. conclut qu'il était devenu une tomate. Une tomate comparable, en dimension et en masse, à la planète Mars. »

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la plus fascinante des œuvres de S-F dans un dossier exceptionnel. Car s'il est, en matière de science-Fiction, une œuvre à clés, c'est bien celle de Philip K. Dick. Entrez dans l'univers du créateur de Blade Runner avec un guide de lecture, quatre études poussées, deux interviews, et trois nouvelles d'écrivains qui, chacun à leur façon, cocasse ou terrifiante, rendent hommage à l'une des plus grandes figures littéraires du XXe siècle.

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Bifrost n° 16

« Je m'appelle Rohr Furland. Pour le meilleur et pour le pire, je suis astronaute, comme mon père et ma mère avant moi. Tradition familiale, quoi.

[...] Je vis le jour dans le luxe d'un deux-pièces sous Tycho pendant le premier anniversaire de l'indépendance de la Fax. On m'a raconté que mon père avait célébré l'événement en se saoulant au picrate lunaire et en baisant la sage-femme qui m'avait mis au monde.

[...] Tout cela fit de moi un corniaud, un vrai fils de bâtard, accoutumé aux bouteilles d'air et à l'apesanteur avant d'être sorti des couches. Pour mes seize ans, je reçus ma carte du syndicat et le conseil de trouver du travail ; deux semaines avant mes dix-huit ans, la navette de BOT où je venais juste d'engager comme manutentionnaire se posa sur une piste de Galveston et, avec l'aide d'un exosquelette, je marchai sur la Terre pour la première fois. J'y passai une semaine, le temps de me casser le bras droit en chutant sur un trottoir à Dallas, de perdre ma virginité dans un claque d'El Paso, et de me taper une vilaine crise d'agoraphobie face aux vastes étendues du Texas. Merde au berceau de l'humanité : je rembarquai pour la Lune à la première occasion et fêtai mes dix-huit ans avec un gâteau d'anniversaire dépourvu de bougies. »

Allen Steele, auteur américain né à Nashville en 1958, a publié six romans et une quarantaine de nouvelles. Généralement présenté comme un écrivain de hard science, il n'en est pas moins un extraordinaire conteur : en témoigne cette Mort du capitaine Futur, court roman de space opéra au ton ironique qui lui valut le très prestigieux prix Hugo en 1996.

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Bifrost n° 15

« Tel était le message de cette petite démonstration. Non pas la solidité du produit, mais son inéluctabilité. Le public avait assisté à la fin d'une ère et, même s'il l'ignorait, moi, je le savais, et c'est ce qui comptait. L'être humain, du point de vue physique, était sans valeur. Il n'y avait plus rien dont il fût capable que la technique ne pût accomplir en mieux. Le nombre de perdants venait à l'instant de doubler, de tripler, d'atteindre son maximum. Ce qu'acclamaient les idiots du parterre n'était autre que la mort de leur avenir. Je me levai, et je l'acclamai avec eux. »

Michael Swanwick, l'un des auteurs américains les plus engagés de sa génération, lauréat du prix Hugo 1999 catégorie short story, signe ici un texte coup de poing d'une précision glaçante, d'une extrême lucidité ; une science-fiction mêlée d'horreur ou le monde des vivants pourrait bien être balayé par celui des cadavres.

Bienvenue en demain, bienvenue dans La Vie des morts..

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