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Pierre STOLZE

Photo de Pierre STOLZE

Né le 12 avril 1952 à Metz, Pierre STOLZE est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la Rue d’Ulm.
Auteur de 15 romans dont Cent Mille Images (Prix Rosny Aîné 1991) et La Maison Usher ne chutera pas (Prix Fantastic’arts 1999), ce professeur de lettres classiques est aussi à l’aise avec le roman jeunesse (série d’Isidore, 4 romans paru à ce jour) que la biographie (Marilyn Monroe, la Star Absolue) ou le récit historique (Georges, Simone et Salomon – Histoire d’un Réseau de Résistance, Prix Victor Hugo 2009).

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Bifrost n° 23

« Quand l'explorateur arctique s'éveille de son cauchemar de glace et de vent, il retrouve un monde de glace et de vent. Ses gelures qui se sont réchauffées dans son sac de couchage lui donnent l'impression d'avoir les pieds et les mains en feu. La douleur est presque insupportable, mais il se convainc qu'il va vivre. Du moment que son compagnon est en état de conduire le traîneau, lui-même survivra. Il se traîne hors de la tente, plisse les yeux sous l'éclat du soleil. Lorsqu'il s'aperçoit que les chiens et le traîneau sont partis, il reste longtemps à contempler leurs traces qui s'effacent dans le vent. Dans mes rêves, les morts portent témoignage.

Du fond de la mer, les marins morts agitent les bras.

Gelé dans la glace, un doigt de cuir pointe et accuse.

Tic-tac tic-tac, fait mon cœur dans son compte à rebours vers le zéro. »

Bruce Holland Rogers

L'Autre Bord (Prix Nebula)

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Bifrost n° 22

« C'est un jeu hors du temps. Il fait bon s'y prélasser, à l'heure où le soleil à l'horizon s'émiette en un dernier rougeoiement. On se laisse bercer, alangui au creux d'un rocking-chair. Un vieux chien est couché de tout son long sur le plancher de la véranda. Un verre de whisky couleur de miel est posé sur une table basse, à portée de la main... Le temps d'un soupir et ce sera bientôt l'heure où les voisins viennent dire un petit bonjour. Il v aura Thorndyke et Bauncer, dont la malice ne s'est pas émoussée en presgue sept décennies. Il y aura aussi Brad : lui passe désormais le plus clair de son temps à se balader dans la vieille Ford T qu'il a enfin fini par retaper ! Il y aura Enoch Wallace : cent vingt-quatre ans mais qui en paraît à peine trente. Il y aura peut-être les nouveaux voisins : des gens discrets qui viennent d'on ne sait où... d'un repli de l'espace ou d'un autre temps, mais quelle importance ? Il y aura sans doute Hezekiah, Richard Daniel ou le vieux Jenkins : plus humains nombre d'humains. On boira un verre. On papotera. On évoquera des souvenirs d'antan. Mon Dieu, qu'est-ce qu'on sera bien ! »

De Demain les chiens à Au Carrefour des étoiles, Clifford Donald Simak nous laisse une des oeuvres les plus personnelles de la S-F mondiale. Un monument que nous avons tenté de cerner dans ce numéro spécial, qui se veut autant un hommage à celui qui « écoutait les étoiles » qu'une invite à (re)découvrir ses univers.

Épuisé  

Bifrost n° 21

D'abord l'odeur : caoutchouc brûlé, pneus cuits par le soleil, carburant au goutte à goutte...

Au loin, quelques grattements — griffes sur la tôle tiède.

Ton corps en alerte t'oblige à ouvrir les yeux. Toute résistance est vaine. Ils sont de plus en plus proches. Menaçants — griffes sur la tôle tiède.

La lumière pénètre ton œil ; aveuglement suivi de quelques nuages d'insectes lumineux. Enfin ton regard trouve un chemin vers la réalité : minuscule triangle de ciel nocturne.

Tu es assis dans une épave de voiture.

Tu ne comprends pas ce que tu vois : des carcasses broyées sur ta gauche et ta droite, des voitures couches sur couches, devant, derrière, dessous, au-dessus, qui t'étouffent et te laissent juste apercevoir la Lune — pleine comme un ventre qui attend l'enfant.

Déjà un coup de patte précis...

Sur ta droite, le verre sécurit explose. Derrière, un animal grogne. Devant, ses congénères hurlent à la mort... Des loups ?

Une gueule jaillit des ténèbres pour te saisir à la gorge. Longue et puissante, brillante de salive.

Une patte déchire ta chemise et laisse paraître les poils sombres qui couvrent ta poitrine.

Un goût de métaux envahit ta bouche.

Te voilà sur le long ruban d'Extermination Hiqhway, une route qui ne connaît pas de fin...

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Bifrost n° 20

« Tout ce que tu feras maintenant sera pour Béatrice. Quand tu regarderas à travers ton télescope, tu le feras en hommage à Sa création. Quand tu mangeras, que tu boiras ou que tu nageras, tu le feras pour rendre grâces à Ses présents. »

J'acquiesçai avec enthousiasme. De retour dans la cabine, Daniel récita les Ecritures, des passages que je n'avais jamais réellement compris auparavant, mais qui me semblaient maintenant parler de ce que je ressentais. C'était comme si j'ouvrais le livre et que mon nom s'y trouvait mentionné à toutes les pages.

La Fille de Dieu était avec moi : je pouvais sentir Sa présence, comme une flamme dans mon cerveau, irradiant de la chaleur à travers l'obscurité, sous mes paupières.

M'apportant du réconfort, me procurant de la force.

Me donnant la foi. »

La foi. Ses implications sociales, politiques, sa dictature morale qui, insondable paradoxe, peut être un espace de liberté pour certains, ses mensonges et ses vérités... Greg Egan, comme toujours, nous invite à réfléchir sur nous-mêmes avec un texte qui, outre-Atlantique, est considéré comme un chef-d'œuvre et a valu à son auteur le Prix Hugo. Une S-F qui dénonce, interpelle, qui scrute et dissèque. Epoustouflant.

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Bifrost n° 19

« Thomas se réveille dans l'antre de Maneki Neko. Il est couché sur le lit moisi de cette garce blottie contre lui, tout contre.

Il essaye de se lever.

Aouch !

Il a mal à l'arcade sourcilière — il touche : c'est recousu sur au moins deux centimètres. Il a mal aux dents — il plonge ses doigts dans sa bouche : extrait un bout de molaire de sa mâchoire maltraitée.

Il a mal au flanc droit — il caresse la plaie : compte au moins treize points. Il reconnaît sa façon particulière de faire des points.

Maneki Neko — nue, le sexe rasé avec soin au point de ressembler à celui d'un bébé — lui murmure à l'oreille :

« Tout à l'heure, à l'Arène, tu as été incroyable, tu as tué ton adversaire, cet acteur que tu détestais tant, avec... une rage magnifique.

— Tué ? Un acteur ? Quel acteur... »

Elle pose ses doigts sur son flanc meurtri pianotant doucement sur les points douloureux.

« J'adore les cicatrices, les points de suture, la chair bombée par l'infection, les tatouages aussi, mais dans le cas qui nous concerne ce n'est pas le plus important.

— C'est quoi le plus important ?

— Ce que j'ai mis à l'intérieur de ton corps. »

Elle prend le bol et lui montre.

Du riz ?

II regarde avec plus d'attention et s'aperçoit que ce qu'il a pris pour du riz bouge, grouille. »

Bienvenue sur le Dirty Boulevard de Thomas Day et en route pour la joie !

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Bifrost n° 17

« Ma soeur repose, paisible, dans la chambre d'en face. Allongée sur le dos, les doigts un peu recourbés, les jambes tendues, droites tels des elindels. Son petit nez effronté, bien plus joli que le mien, pointe délicatement. Sa peau a l'éclat d'une fleur. Mais non celui de la santé. Bien sûr, elle est morte. Je me glisse hors de mon lit et reste un instant immobile, vacillante, saisie de mon vertige matinal. Une guérisseuse terrienne m'a dit un jour que ma pression sanguine était trop basse, exactement le genre d'absurdités que racontent les Terriens — ils expliquent que l'air est trop humide, aussi. L'air est ce qu'il est, tout comme je suis ce que je suis. Une meurtrière. »

Nancy Kress est née à Buffalo en 1948. En une quinzaine de romans et près d'une soixantaine de nouvelles, elle s'est imposée comme une figure incontournable de la science-fiction américaine moderne. Les Fleurs de la prison d'Aulite est un texte stupéfiant, une expérience de xéno-pensée profondément troublante. En fait un texte si remarquable que, non content d'avoir été élu meilleure nouvelle de l'année 97 par les lecteurs de la revue Asimov's Science Fiction, il remporta coup sur coup — fait rarissime — les prix Locus, Nebula et Theodore Sturgeon Award...

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Bifrost n° 15

« Tel était le message de cette petite démonstration. Non pas la solidité du produit, mais son inéluctabilité. Le public avait assisté à la fin d'une ère et, même s'il l'ignorait, moi, je le savais, et c'est ce qui comptait. L'être humain, du point de vue physique, était sans valeur. Il n'y avait plus rien dont il fût capable que la technique ne pût accomplir en mieux. Le nombre de perdants venait à l'instant de doubler, de tripler, d'atteindre son maximum. Ce qu'acclamaient les idiots du parterre n'était autre que la mort de leur avenir. Je me levai, et je l'acclamai avec eux. »

Michael Swanwick, l'un des auteurs américains les plus engagés de sa génération, lauréat du prix Hugo 1999 catégorie short story, signe ici un texte coup de poing d'une précision glaçante, d'une extrême lucidité ; une science-fiction mêlée d'horreur ou le monde des vivants pourrait bien être balayé par celui des cadavres.

Bienvenue en demain, bienvenue dans La Vie des morts..

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Bifrost n° 14

Ils sont venus en paix. Ils ont dressé des passerelles entre notre monde et le leur, offrant aux hommes les perspectives d'une technologie formidable. Que demandent-ils en échange ? Un pour cent, un misérable pour cent des revenus annuels dûment enregistrés de tout terrien. De tout terrien... Oui, mais comment procéder avec les populations nomades dont on ignore le nombre, qui ne déclarent rien, ne reconnaissent aucune autorité étatique... Que faire du peuple Touareg, des mongols, des tribus reculées d'Afrique et d'Amérique du Sud ? Il existe une solution pourtant, une notion plus exactement : celle du génocide nécessaire. Quant à l'horreur qu'elle implique...

Un texte charnière de l'œuvre de Thomas Day, un tournant autant qu'une éclatante confirmation.

Difficile d'affirmer le contraire : il s'est crashé en beauté ! Et voici donc le capitaine Lit de Roses qui se retrouve perdu sur une planète inconnue en compagnie d'une créature métallivore et d'une autochtone certes charmante, mais dotée d'un pouvoir psychique incontrôlable qui provoque une peur aussi atroce qu'irrémédiable auprès de quiconque tente de l'approcher... Reste pour Lit de Roses à s'adapter à ce monde aussi étrange qu'étranger, d'autant qu'il pourrait bien, faute de moyen de transport, y passer le reste de sa vie. A moins que...

Le second volet d'un grand roman d'aventure par Roland C. Wagner.

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Bifrost n° 12

Le Splendeur de Bactriane est abordé par un pirate étrange et fou furieux : un fanatique critisciste ! A l'aide d'un virus, il aliène aussitôt l'Intelligence Artificielle de bord pour en faire le garant des dogmes de sa religion. La nouvelle mission de cette dernière : convertir les passagers du vaisseau. Et tant pis si ça doit prendre plusieurs générations ! Seul problème : pour prouver son entière allégeance à la nouvelle religion, il faut faire don de ses organes reproducteurs. On comprendra aisément qu'avant de se convertir, les passagers du Splendeur de Bactriane y réfléchissent à deux fois !

Pour leur dernière aventure, les Corsaires des étoiles font « tout péter ». Et pour ça, rien de mieux que de mettre en rade l'enceinte de confinement des Leppard d'un vaisseau spatial. Là, pour péter, ça pète ! Evidemment, avec un trou de ver à proximité et face à une armada ennemie, en faisant un truc comme ça on sait jamais bien où on va se retrouver. Encore que la bonne question ne soit peut-être pas où, mais quand...

Edwin Boone est un milliardaire un peu barjo. Gentil, certes, génial, sans doute, mais un peu barjo... Des preuves ? Il est persuadé y de communiquer avec des extraterrestres grâce à des champignons ! Comment ? En les mangeant ! Et puis, naturellement, à force de clamer à travers le monde que des Visiteurs vont venir le chercher, le jour où il disparaît on se pose des questions.

Trois textes, trois auteurs, autant de visions d'une science-fiction qui n'a pas peur de rire, bien au contraire, et tant pis si c'est d'elle-même !

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Bifrost n° 11

Bifrost : le livre.

Nous sommes en 2008, et ce jeune XXIème siècle s'est déjà trouvé une nouvelle horreur : la sclérodermie fibreuse virale généralisée, plus communément appelée Vif Argent. Cette monstruosité, hyper contagieuse, tue en trois jours par infection des fibroplastes du tissu conjonctif sous-cutané. En clair, cette saloperie vous écorche de l'intérieur, met à nu le collagène ce qui vous confère la couleur de l'Argent, phénomène induisant une réponse auto-immune qui vous brûle Vif. Remède connu : aucun. Et quand la pandémie paraît générer une logique interne dans son développement géographique, la porte est ouverte aux extrapolations les plus folles, les plus terrifiantes. Et si...

La guerre est aux portes de notre univers : la totalité de l'armada Keurls s'apprête à franchir un vortex qui devrait la conduire tout droit dans notre espace-temps. Pour les Corsaires des étoiles, l'équipage du Jérusalem, l'interrogation est d'une décourageante simplicité : que faire ? A situation désespérée, décision désespérée : il faut porter coup pour coup et commencer par mener le conflit chez l'envahisseur ! Pour cela une seule solution : franchir la porte spatio-temporelle ! Et après ? Après on verra

Bifrost : la revue.

L'actualité cinéma et télévision, la critique des nouveautés romans et bandes dessinées, les news du milieu S-F, des interviews de Trantkat et Neil Gaiman, des dossiers et études sur Rob Liefeld, Chad Oliver, Clifford D. Simak.

Épuisé  

Ça vient de paraître

Les Armées de ceux que j'aime

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 116
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