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La sortie du jour : “L'Automate de Nuremberg”

Le périple d’un automate à la recherche de son âme, à travers une Europe où Napoléon a assis sa domination… L'Automate de Nuremberg de Thomas Day, nouveau titre de la collection « Une Heure-Lumière », revient en librairie en ce 22 août !

Raw Spirit

Quand un auteur de fiction (qu’il s’agisse de space opera ou de littérature générale plutôt noire) se voit confier la rédaction d’un guide touristique, le résultat est particulièrement à l’opposé de son style habituel. C’est ce que prouve Iain Banks avec Raw Spirit, sous-titré In Search of the Perfect Dram, un livre de commande où l’auteur écossais est censé faire le tour des distilleries écossaises pour trouver quel est le meilleur single malt du pays. Sauf que… sa quête commence quand Tony Blair rejoint la guerre en Irak de George W. Bush. Et que son récit débute par une diatribe énervée contre le Premier Ministre anglais suivie d’une ode aux GWR (pour Great Wee Road – les petites routes géniales) et à sa Land-Rover Discovery. Et tout le récit de Iain Banks, qui nous amènera tout de même à l’intérieur des fameuses distilleries et arrivera à nous présenter le whisky sous toutes ses formes, y compris à travers l’histoire, est à l’avenant. L’auteur choisit de faire un récit de voyage à peu près chronologique, en nous racontant au passage tout ce qui lui passe par la tête en cours de route, mésaventures familiales, souvenirs de jeunesse et histoires de copains y compris. Nous avons ainsi droit à un petit guide de prononciation des noms écossais, des conseils sur les meilleurs pubs, plages et lochs d’Écosse, des considérations sur l’intérêt des gadgets high-tech du moment, la vie comparée des taxis londoniens et écossais. Sans oublier une présentation étendue des dangers de la faune écossaise, en particulier les redoutables loutres qui viennent perturber la production de whisky ou les très jeunes homo sapiens bipèdes qui ont une conception toute particulière de l’hospitalité ou de la vie sur un bateau.

Que vous aimiez le whisky autant que Iain Banks ou que vous soyez totalement insensibles aux charmes de cet alcool, Raw Spirit est une lecture à déguster avec modération quelques pages à la fois, mais avec très grand plaisir. Surtout si vous aimez l’Écosse et si vous souhaitez découvrir un Iain Banks en verve dans son habitat naturel.

Walking on Glass

Publié en 1985, Walking on Glass est le deuxième roman de Iain Banks. Trois lignes narratives s’y succèdent tour à tour, d’une façon presque scolaire, et en déterminent ainsi autant de dimensions. La troisième – celle qui se passe dans un futur aussi mal défini qu’éloigné – le rattache de façon décisive à la SF : le château où Quiss et Ajayi sont détenus n’est pas tant une prison qu’un purgatoire. Le confort y est truqué, le « travail » à faire pour obtenir sa remise de peine est dépourvu de sens, et l’autorité résidente est aussi incorruptible qu’inamovible. Face à ces réalités, deux approches semblent envisageables : celle de la résistance – que tente Quiss, dont les initiatives parfois cruelles sont le plus souvent vaines – et celle de l’acceptation des règles – la voie d’Ajayi, laquelle cherche à comprendre comment mieux jouer pour gagner au plus vite. Le purgatoire étant ce qu’il est, aucune de ces deux approches n’est susceptible de donner les résultats espérés. C’est dans la répétition de ces déceptions que les deux autres fils d’intrigue finissent par trouver leur sens.

Graham, jeune homme énamouré de Sara, cherche à jouer selon les règles pour avancer. Quelle est l’histoire de cette femme un peu plus âgée, qui est terrifiée par les orages et a été mariée à un homme abusif ? En acceptant de suivre la route assez tortueuse qui lui est offerte, il admet donc sans en avoir conscience la possibilité de l’atroce déception – car parfois, les relations humaines sont considérées par l’un des partenaires comme un jeu dont il est le seul à écrire les règles. Dans le même temps, Steven, qui vit au même endroit et à la même époque, semble enclin, dans son délire de persécution, à résister aux conventions et aux règles sociales. En effet, il les prend comme autant de contraintes imposées par des entités mystérieuses et en tout cas hostiles (les « Tourmenteurs ») dans un jeu cruel auquel il n’a pas choisi de participer. De sa démission fracassante aux interactions contrariées avec sa logeuse en passant par les entretiens administratifs, tout est matière à exaspération – et donc dans sa logique, une vexation supplémentaire qui lui est infligée depuis le très lointain futur où se trouve sa place légitime.

La folie n’est jamais très loin pour les différents prisonniers dont il est question dans Walking on Glass, pas plus qu’elle ne l’est pour nous autres. Admettre les règles et les respecter, ou bien y résister de façon plus ou moins violente : voici le choix impossible qui est suggéré par le paradoxe de la force irrésistible confrontée à l’objet inébranlable, lequel sert de fil rouge à ce roman. Il n’y a pas de solution évidente à ce problème, comme chacun le sait, aussi, le mieux à faire pour sortir du purgatoire ne serait-il donc pas de reconnaître une bonne fois pour toutes qu’il faut renoncer à le résoudre ? C’est ce que feront tous les personnages de ce roman, selon des modalités qui leur seront propres. Banks est connu, dans son cycle de la « Culture », pour apprécier une certaine forme d’optimisme, voire même de foi dans le progrès humain : dans ce conte, l’intrigue a beau se nouer vers la fin des temps, il s’avère que les post-humains y restent tout aussi démunis que nous le sommes face à l’épuisement et aux mensonges. Banks y confesse-t-il être désabusé, voire las ? Peut-être ne fallait-il pas attendre autre chose d’un roman écrit en plein cœur de la décennie Thatcher.

Migrant ou… brevi finietur (Les Métamorphoses, T.3)

Vita nostra brevis est, brevi finietur. Notre vie est brève, elle finira bientôt. Avec Migrant se clôt le triptyque des époux Diatchenko. Initialement paru entre 2007 et 2010 en VO, L’Atalante nous en propose la traduction, sans se presser, depuis 2019. Pour rappel, le premier volume, Vita nostra (Bifrost 97), était une claque tant les auteurs parvenaient à suggérer sans rien expliquer. Le deuxième, Numérique (Bifrost 104), beaucoup plus banal, avait un peu déçu. Migrant relève la barre, mais sans atteindre les sommets du premier tome. Pourtant, le début se montre très séduisant : un homme, au doux surnom de Krokodile, passe sans transition d’une rue banale d’une ville terrienne à une salle d’une obscure administration. Il y apprend que sa demande a été acceptée et qu’il va pouvoir migrer vers une planète. Pas celle de son choix, car les choses ont changé depuis qu’il s’est porté candidat, mais on lui laisse le dernier mot entre Limbe et Raa. Qu’il ne connaît ni l’une ni l’autre. Et, encore plus étrange, il ne sait même pas avoir rempli un dossier ni, surtout, pourquoi. On lui montre juste la preuve qu’il l’a bien fait. On lui fait visionner un court message qu’il a lui-même enregistré auparavant et qui n’explique pas grand-chose, hormis qu’il a pris cette décision de son plein gré et après mûre réflexion. Et on lui explique que pour payer ce voyage vers sa nouvelle demeure, il lui en a coûté deux ans de sa vie.

Et le voilà sur Kaa. Sans rien savoir sur la planète. Sans même connaître la langue. On la lui a implantée dans le cerveau, mais parfois, des dissonances se font ressentir. Mais il doit s’adapter et, surtout, faire des choix, encore, sans en connaître les tenants et les aboutissants. Simple homme dans un monde qui n’est pas le sien, où les habitudes, les coutumes, les façons de vivre sont terriblement différentes de celles qu’il connaît. Comme cette épreuve qui lui permettrait de devenir un citoyen à part entière, mais qu’on lui déconseille de passer, car il n’a pas en principe les capacités de réussir. Têtu, il se lance et Kafka continue : des étapes se succèdent, certaines sans queue ni tête, sans que rien, jamais, ne soit réellement expliqué. Sans oublier les réflexes racistes de certains de ses nouveaux concitoyens. Et, surtout, le sentiment d’étrangeté permanent. Pour Krokodile comme pour le lecteur. Essayer de comprendre comment tout cela fonctionne et, surtout, où veulent nous emmener les auteurs est le principal moteur de Migrant. Mais les enjeux du récit sont assez faibles et leur portée sans grande force. Plus abordable que Vita nostra, plus enthousiasmant que Numérique, ce roman clôt de manière correcte un triptyque original méritant le détour. Et, pour prolonger, le plaisir, Marina Diatchenko, dorénavant veuve, a publié l’année dernière un nouveau volume, suite de Vita nostra. Saura-t-elle y renouer avec le charme ineffable de sa première histoire ?

Les Aiguilles d'or

L’automne 2023 a vu la parution d’un nouveau titre de la « Bibliothèque Michael McDowell », déjà riche de la saga Blackwater (cf. Bifrost n°107). Intitulé Les Aiguilles d’or et paru en 1980 en VO), il confirme la puissante cohérence stylistique et thématique de McDowell. D’une écriture toujours aussi efficace, l’écrivain déploie à nouveau une véritable contre-histoire des États-Unis. L’auteur explore ici les bas-fonds de la New York du XIXe siècle finissant. Il emmène, ou plutôt plonge, lecteurs et lectrices au cœur du quartier dit du « Triangle Noir ». Dans l’interlope topographie de ses rues borgnes et autres venelles ténébreuses se tapissent maisons closes, salles de jeu, fumeries d’opium et autres lieux destinés à satisfaire les vices d’une société new-yorkaise n’ayant de bonne que le nom… Il apparaît en effet que la famille patricienne des Stallworth, placée sous la patriarcale férule du juge James Stallworth, ne peut en réalité guère en remontrer en matière d’éthique au clan de « Lena la Noire ». Est ainsi surnommée la matriarche de la seconde des familles protagonistes des Aiguilles d’or, celle des Shanks, comptant autant de voleurs et prostituées que celle des Stallworth comprend de pasteur et autres piliers de l’ordre établi. Certes en délicatesse avec les lois écrites, les Shanks n’en possèdent pas moins une boussole morale certes singulière, mais plus assurée que celle des Stallworth. Ces damnés de l’urbaine terre new-yorkaise en feront la preuve lors d’un récit qui agrège d’une manière horrifique mélodrame social à la Dickens et feuilleton fin-de-siècle. Aussi prenantes et troublantes que Blackwater, ces Aiguilles d’or augurent de la meilleure des manières des sorties à venir dans la « Bibliothèque Michael McDowell ».

Organes Invisibles

Organes invisibles est une anthologie qui regroupe un ensemble de vingt-deux très courts récits et textes issus de trois recueils. Une brève préface de J-M. G. le Clézio introduit l’ensemble.

Quel étrange livre que celui-ci… « Extension », la nouvelle qui ouvre le bal, ressemble ainsi à une méditation lysergique teintée de surréalisme dalinien, lorsqu’un homme grandit inexplicablement jusqu’à être plus immense encore que l’espace infini, inversant sa perception des proportionnalités, et aboutissant à la contemplation extatique d’un univers orgasmique. On comprend rapidement pourquoi Salvador Dali est cité en préface alors que Borges et Kafka le sont en 4e de couverture ! La parenté fantastique invoquée en sous-titre est cependant toute relative, et il semble que le style général de l’auteur s’apparente bien davantage au courant surréaliste. Si Magritte avait peint un livre en lieu et place de sa pipe, c’eût été celui de Zaki Beydoun : ceci n’est pas un livre !

Avec la nouvelle-titre, le narrateur perçoit ses sensations comme des extensions de lui-même, et le corps semble n’être qu’une entrave à l’immensité de son moi psychanalytique freudien. « Les pensées ne sont en réalité que des pénis amputés », peut-on y lire… dont acte. La lecture de « L’Éveil », fin de relation de couple vécue comme une anti-hallucination où l’autre disparaît — au sens propre — du champ de vision, ou bien de « Paranoïa », mise en scène du moi confronté au jugement supposé de l’autre, confirme par ailleurs cette impression de délire psychédélique mortifère dont l’ego de l’auteur est le véritable inspirateur.

Les textes issus les plus anciens sont parfois étonnamment courts, de l’ordre du paragraphe, et paraissent souvent n’avoir aucun sens à moins d’être versé dans l’onicocritie, science de l’interprétation des rêves. Car c’est bien de cela qu’il semble être ici question, de la transcription littéraire de cauchemars insensés, et il y a certes quelque chose de fascinant à découvrir l’univers onirique auto-psychanalytique d’un conteur dont la plume s’avère libérée de toute contrainte conventionnelle, et parfois porteuse d’un je-ne-sais-quoi d’irrévérencieux : ainsi en est-il de « Ma nouvelle bouche », récit dans lequel le narrateur n’en a plus et se voit contraint de hurler sa rage par l’entremise de son auguste derrière… à l’haleine suffocante !

On l’aura compris Organes invisibles n’est pas à proprement parler un ouvrage de science-fiction, ni même de littérature fantastique ; c’est une introspection métaphysique surréaliste mise en prose, qui trouverait sans peine sa place dans un cabinet de curiosités littéraires. Sans être exceptionnelle et malgré un tarif élevé eu égard au format, cette « Exofiction » iconoclaste est peut-être cependant suffisamment étrange pour mériter que l’on s’y attarde, constituant un étonnant échantillon d’un genre littéraire que l’on qualifierait volontiers de délirium-fiction.

Promenons-nous dans les bois

L’automne 2023 a vu le retour de l’autrice de La Servante écarlate (Bifrost n°39). Ce n’est cette fois-ci pas avec un roman que Margaret Atwood se signale à nouveau mais avec un recueil de nouvelles, un genre dans lequel elle s’était déjà illustrée avec Neuf contes (Bifrost n°93). Les récits de Promenons-nous dans les bois sont de dates récentes. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils portent la trace du présent. Il peut s’agir de celui propre à une écrivaine octogénaire, veuve depuis 2019. Les nouvelles formant le (mini) cycle de « Tig & Nell » évoquent de manière autobiographique un couple affrontant la sénescence et la mort. Ces attachantes histoires relèvent cependant de la littérature blanche, et c’est dans la partie de l’ouvrage intitulée « Ma mère, cette sorcière » que se trouvent les genres chers à Bifrost. Le réalisme fantastique y domine avec la nouvelle donnant son titre à ce segment (la biographie d’une mère possiblement magicienne par sa fille) ainsi que dans « Entretien avec un mort » et « Une mort à coup de coquillages » — on y fait parler les morts que sont George Orwell et Hypatie d’Alexandrie — et « La métempsychose ou le voyage de l’âme », témoignage d’un escargot réincarné dans une femme. « Impatiente Grisildis » et « Mêléegénérale » relèvent de la SF, le premier relisant l’un des Contes de Canterbury à une aune extraterrestre, le second imaginant un futur matriarcal. De celui-ci, comme de ces autres textes, le présent n’est une nouvelle fois pas très loin. Margaret Atwood y évoque en effet autant de questions d’une actualité que l’on dit brûlante : les unes féministes, les autres écologiques ou bien encore pandémiques. Engagé, le regard porté par l’écrivaine sur ces points saillants de notre temps est enfin marqué par un humour rendant d’autant plus efficaces les interventions que sont ces miniatures de l’Imaginaire.

Muncaster

Robert Westall – Les Éditions du Typhon, coll. « Les Hallucinés » – novembre 2023 (réédition d’un court roman paru initialement sous le titreLe Maléfice de Muncasterchez Hachette Jeunesse – traduction inédite de l’anglais [UK] par Benjamin Kuntzer – 144 pp. semi-poche 17,90 € quand même !)

Joe est cordiste : un artisan-maçon qui intervient sur des ouvrages difficiles d’accès (cheminées d’usines, tours…) en utilisant des techniques empruntées à l’alpinisme. Avec son collègue Billy, il est missionné pour des travaux de réfection sur les tours de la cathédrale de Muncaster (ne cherchez pas le diocèse de Muncaster, il n’existe pas ; par contre, dans le nord-ouest de l’Angleterre se trouve un château de Muncaster ayant la réputation d’être hanté…). Très vite, à soixante mètres au-dessus du vide, Joe découvre une gargouille qui semble dotée de pouvoirs surnaturels. Petit à petit, le cordiste comprend que cette créature réclame un sacrifice, et que sa famille est menacée.

Robert Westall a commencé à écrire pour les enfants, mais après la mort de son fils, ses textes ont évolué vers davantage de noirceur. Cette tragédie personnelle transparaît dans Muncaster : le narrateur entretient une relation très forte avec son jeune fils et celui-ci, comme d’autres enfants, devient la cible de la gargouille maléfique.

Ce roman est initialement paru dans une collection jeunesse, on ne s’étonnera donc pas que l’histoire, classique, se déroule sans beaucoup de surprises. Malgré ce défaut et une écriture assez lisse, Muncaster est un court roman qui se lit avec intérêt. Le narrateur s’avère un personnage touchant dans sa simplicité, et on découvre le monde des cordistes, ces artisans amoureux des belles pierres qui défient la gravité. Une curiosité pour les curieux.

Voyage au pays de la quatrième dimension

Écrivain, docteur en droit, critique littéraire, reporter sportif, Gaston de Pawlowski (1874-1933) reste aujourd’hui surtout connu d’un petit public d’amateurs de curiosités et de vieilleries pour son Voyage au pays de la quatrième dimension. Paru une première fois en 1912, le roman a bénéficié d’une refonte en 1923, avant d’être réédité tous les vingt ou trente ans, jusqu’à la présente édition dite du centenaire chez Flatland. Une version rehaussée d’une longue postface de Fabrice Mundzik, qui tient du travail de fourmi pour avoir relevé tous les repentirs, rajouts et retraits faits par l’auteur entre les différentes éditions parues de son vivant, ainsi que d’articles venant compléter ledit Voyage et de quelques brèves fictions rédigées par d’autres auteurs s’inspirant du roman de Gaston de Pawlowski. Cela, sans oublier les illustrations originales de Léonard Sarlouis (qui auraient mérité un papier un rien moins fin pour mieux briller). Tout ceci devrait suffire à ravir les connaisseurs.

Et pour les néophytes curieux, de quoi parle ce Voyage au pays de la quatrième dimension ? Composé d’une cinquantaine de chapitres, comme autant d’articles parus dans différents supports puis rassemblés de façon à former un récit cohérent, ce livre est moins une exploration de ce thème, en vogue à l’époque, qu’est la quatrième dimension physique — même si les premiers chapitres abordent quelques impossibilités topologiques que seule une quatrième dimension physique peut expliquer — qu’un panorama des temps futurs. La quatrième dimension, ici, est selon Pawlowski davantage une forme élevée de la conscience, qui privilégie la qualité des choses. Au fil des chapitres, ce Voyage prend l’apparence d’un catalogue d’idées et d’inventions, dont certaines préfigurent de nombreux tropes de la SF : citons en vrac la communication avec Mars, dont les habitants répondent en français aux humains ; un procédé de rajeunissement des élites (des vieillards cacochymes retrouvant leur vingt ans sous le règne d’un Léviathan très hobbesien), ledit Léviathan dont la chute trouve ses prémices dans une révolte de singes ; la lévitation universelle, qui devient un moyen de transport, au risque de provoquer quelques perturbations – des « forces vagabondes » donnent une conscience aux objets – qui finissent par exaspérer, après quoi, on voyage par corps astraux : d’où l’apparition de corps de location, à disposition là où le corps astral arrive. Il y a aussi des animaux mécaniques qui deviennent vivants et des microbes devenus géants suite à un procédé, et qu’on finit par empailler.

Récit aussi curieux que fascinant, Voyage au pays de la quatrième dimension méritait bien cette remise en lumière à l’occasion de ses cent ans. Avis aux amateurs.

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