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Actualités

On reparle de “Noon du soleil noir” chez Herbefol

« Le livre a sa part d’action, sa dose de mystère, son lot de séquences urbaines dans une ville un peu trop grande et un peu trop peuplée, son quota de séquences oniriques et en prime une belle série de nombreuses illustrations internes signées Nicolas Fructus qui contribuent à donner vie à tout ça. Bref, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. » L'avis d'Herbefol

“Rossignol” : l'avis d'Actu du Noir

« … on ne peut alors que s’émerveiller devant la qualité d’écriture, l’inventivité tant dans les êtres décrits, que dans la création de vocabulaire, de noms, de formes, de concepts. Sans oublier l’émotion qui monte tout au long de la novella. Une fois de plus, même s’il est d’un abord un peu difficile, un texte superbe, d’une grande force et originalité dans cette très belle collection. » Actu du Noir

“Corsaire de l'espace” : l'avis de Yossarian

« Récit plaisant, léger et fertile en rebondissements, mettant en scène une galerie d’archétypes auxquels nous sommes accoutumés, Corsaire de l’espace ne déroge pas à la manière de Poul Anderson. Il s’applique à nous divertir d’aventures bigger than life, du moins dans leur acception old school, apportant à ce fix-up une touche romantique inattendue. » Yossarian – sous les pavés la page

Bifrost 111 : la couverture !

Sur le forum, découvrez la couverture de Bruno Letizia pour le numéro 111 de Bifrost ! Consacré à Gene Wolfe, ce numéro vous proposera un dossier complet sur l'auteur de L'Ombre du Bourreau et des nouvelles de Rich Larson, Sequoia Nagamatsu et Jean-François Seignol.

Terminal World

Comment écrire un roman d’aventures steampunk quand on est un grand auteur de hard SF ? La réponse d’Alastair Reynolds est simple : diviser le monde en zones, de larges portions de territoire caractérisées par le niveau de technologie que les lois de la physique y autorisent. Les Anges du Niveau céleste sont des post-humains bourrés de nanomachines, tandis que, dans Horsetown, on se déplace à cheval et on se chauffe au bois ; dans le Fléau, même les pro­cessus biochimiques les plus simples sont impossibles, inter­disant toute forme de vie. Les frontières des zones conver­gent vers Spearpoint, gigantes­que cité bâtie sur les flancs d’une ancienne structure en forme de flèche.

Mêlé à un complot des Anges pour envahir les autres zones, Quillon doit quitter Spearpoint. Il fuit en compagnie de Meroka, une mercenaire au cerveau perturbé par trop de passages d’une zone à l’autre. Ensemble, ils vont parcourir ce monde à l’agonie, vestige d’une civilisation oubliée qui a un temps conquis les étoiles, mais qui semble condamnée à mourir car les fron­tières entre zones deviennent instables…

Avec ce duo, on affronte des barbares psy­cho­pathes dignes de Mad Max, on échappe aux Vorgs, de terrifiantes machines semi-organiques mangeuses d’hommes, on embarque dans l’Essaim, une armada de dirigeables blindés armés de canons et de balistes, on découvre les tectomancers à la réputation de sorciers parce qu’ils ont le pouvoir de modi­fier les frontières entre les zones…

Terminal World est bien un roman d’aven­tures. Dans le premier tiers du livre, les péri­péties s’enchaînent, l’action ne faiblit jamais. Lorsque Meroka et Quillon rejoignent l’Essaim, l’intrigue devient plus politique, centrée sur les jeux de pouvoir au sein de la flottille de dirigeables. C’est aussi là que se dévoile le fonctionnement de cet univers étrange. À tra­vers le personnage de Ricasso, qui semble sortir d’un roman de Jules Verne, Reynolds plaide pour une science au service de la compréhension du monde dans une société obnubilée par les applications techniques. L’action revient dans le dernier tiers, en par­ticulier lors d’une bataille aérienne apothéo­tique.

L’originalité de l’univers et l’action trépi­dante sont les deux points forts du roman. Mais Terminal World convainc aussi par ses personnages. Quillon est un tacticien qui pense plusieurs coups à l’avance mais se retrouve ballotté par les événements ; d’abord calcu­lateur et sarcastique, il se révèle ensuite héroïque et généreux alors que l’intrigue s’élargit jusqu’à concerner l’Humanité entière.

On peut regretter que les explications sur la nature du monde soient un peu courtes. L’auteur ne dit jamais clairement ce que sont les zones et « l’œil de Dieu » vers lequel elles con­vergent ; il reste tout aussi flou quant à la planète où se déroule l’action : bien qu’appelée « Earth », on y trouve une Lune coupée en deux et des années qui durent plus de six cents jours. Ce flou pourra frustrer certains lecteurs, mais, comme dans le ro­man plus tardif Vengeresse, il permet de centrer le récit sur l’aventure et d’éviter de longs passages explicatifs. Mieux encore, les curieux peuvent jouer à glaner des indices au fil du texte pour deviner la logique de cet univers étrange.

On regrettera surtout que Reynolds n’ait pas l’intention de développer son univers dans d’autres textes, car il subsiste un goût d’inachevé : les compagnons de Quillon, hauts en couleur, mériteraient d’être plus dé­veloppés, et certaines intrigues secondaires demeurent irrésolues. Mais ces menus dé­fauts s’effacent devant le brio de la narration, le souffle de l’aventure, la richesse de l’univers. In fine ne reste qu’une véritable énigme : pourquoi aucun éditeur français n’a encore traduit ce roman ?

Les Enfants de Poséidon

Heureuse qui, comme Eunice, a fait un long voyage…

Pionnière de l’exploration spatiale, Eunice Akinya est allée loin pour construire le vaste empire industriel dont ses enfants et petits-enfants viennent d’héritier. Cet héritage, Sunday et Geoffrey s’en moquent. La première vit sa vie d’artiste sur la face cachée de la Lune, loin de l’influence du Mécanisme qui régit les Terriens. Le deuxième passe ses journées en Afrique, auprès d’un troupeau d’éléphants avec lequel il espère, un jour, pouvoir communiquer avec des mots. Mais au décès de leur grand-mère, frère et sœur découvrent un secret. Commence alors la saga des Akinya.

D’un bout à l’autre de la trilogie, on suit les héritiers d’Eunice, cette femme sévère, égoïste et peu présente, dont ils ne cesseront de cher­cher des traces à travers le Système solaire, et surtout au-delà. Eunice s’amuse à pousser ses descendants à aller là où personne, pas même elle, la vraie, n’est allé. Repousser les limites géographiques, spatiales, physiques, technologiques, mécaniques, humaines. Qu’ils soient indifférents ou curieux, ils iront : ce sont des Akinya.

Détaillons. L’époque de La Terre bleue de nos souvenirs n’est pas si lointaine de la nôtre. L’Afrique est un leader économique et politique incontesté ; la colonisation de l’espace connu est en bonne voie ; chaque individu est implanté et vit sous le contrôle du Mécanisme (un contrôle relatif bien loin du « Big Brother vous regarde » de 1984) ; les nanotechnologies accompagnent tous les gestes et communications du quotient ; les ascenseurs spatiaux rendent les trajets plus simples ; les connaissances en biotechnologies sont suffisantes pour allonger la vie des hu­mains et les modifier pour qu’ils puissent vivre notamment sous l’eau. Ce décor semble fa­milier, et c’est cette familiarité qui perturbe, ou révèle au contraire l’art de Reynolds à intégrer des concepts classiques et connus pour plon­ger son lecteur dans une réalité palpable et immersive, sans tomber dans le simple hom­mage à ses pairs. Car dans ce monde de tous les possibles, le lecteur, tout comme Sunday et Geoffrey, se demande si Eunice ne serait pas encore… en vie ?

Sous le vent d’acier nous propulse deux cents ans plus tard. Chiku, la fille de Sunday, a eu recours au clonage pour mener plusieurs projets. La première clone est à bord d’un holovaisseau parti coloniser une exoplanète, Creuset. La deuxième s’est lancée à la recher­che d’Eunice. Quant à la troisième, elle con­- tinue sa vie sur Terre où elle mène une exis­tence simple. Mais simple, la vie d’une Akinya ne peut pas l’être. L’appel de l’espace, la nécessité de savoir, encore et toujours plus, de repousser les limites, encore, et encore, et encore… Tout comme le premier volume, la mise en place est longuette et seuls les événements à bord de l’holovaisseau attisent l’intérêt. Quant au plaisir de se sentir en terrain connu, il est passé, ne restent plus que les fils narratifs qui s’emmêlent, qu’on perd, puis qu’on retrouve plus tard après un saut dans le temps, et qui se terminent de façon peu satisfaisante…

Encore deux cents ans plus tard, Dans le sillage de Poséidon suit le même schéma d’ennui scénaristique, mais est sauvé par des personnages principaux et secondaires plus attachants que dans les tomes précédents. Des personnages qui, néanmoins, parlent encore beaucoup, et trop. Depuis la chute du Mécanisme, le système solaire vit sous le contrôle des Gardiens, des intelligences extraterrestres dont on ne sait rien. Kanu, le fils d’une des clones de Chiku, est un ancien ambassadeur. Humain, puis Aquatique, il est désormais considéré comme un paria, lui qui a été sauvé de la mort par des machines martiennes autonomes et intelligentes qui se nourrissent, se reproduisent, et dont l’humanité se méfie. Il fait corps avec Swift, une IA im­plantée par les machines, et décide de suivre un mystérieux signal en provenance d’un système solaire inconnu. Parallèlement, sur Creuset, Goma, la fille de Ndege, fille de Chiku, elle-même fille de Sunday (vous suivez ?) re­cherche elle aussi un mystérieux signal émis depuis une région non explorée de l’espace. Le final sauve l’ensemble, car il arrive enfin. Reynolds répond à toutes les questions, ou presque, et rappelle à son lecteur que s’il fut indéniablement trop long, le voyage fut égale­ment beau.

Les Chronique de Méduse

Quand deux écrivains britanniques revendi­­quant l’influence d’Arthur C. Clarke se rencon­trent, que cela donne-t-il ?

Au départ, il y a une splendide novella de Clarke, « Rendez-vous avec Méduse » (prix Nebula 1972), qui ne déparerait pas la col­lection « UHL » de votre édi­teur préféré, récit dans lequel Howard Falcon, gravement blessé, réussit néanmoins à aller visiter l’atmosphère de Jupiter au prix d’interventions qui le transforment en cyborg.

Stephen Baxter et Alastair Reynolds livrent ici une suite en centrant leur intrigue sur Falcon, passeur malgré lui entre l’Humain et la Machine. Découpé sous forme de fenê­tres temporelles – les Chroni­ques du titre —, ce roman dresse une manière d’histoire du futur, sur les huit cents pro­­chaines années, près d’un millénaire lors duquel on va assister à l’éclosion de l’Intelligence Artificielle, son émancipation, et finalement son opposition à l’Homme qui lui a donné naissance, tandis que ce dernier réussit à essaimer dans le Système solaire. L’histoire est vue par les yeux de Falcon qui, en raison de sa nature mi-organique mi-métallique, ne veut pas prendre parti pour un camp ou l’autre, et fait donc régulièrement office d’am­bassadeur humain, à plus forte raison parce que le représentant côté machines est Adam, l’IA à l’avènement de laquelle il a contribué.

Les deux auteurs excellent ici à prendre la suite de Clarke, auquel ils rendent du reste de multiples hommages (ainsi qu’à 2001), en multipliant les inventions ébouriffantes, très sense of wonder, dans de nombreux domaines technolo­giques, astronomiques ou infor­matiques, sans pour autant passer par de laborieuses explica­tions : tout est ici agencé pour que le lecteur en prenne plein les mirettes, qu’il descende dans les plus basses couches de la géante rouge, regarde bien plus loin ou se retourne vers le Soleil. Et comme si cela ne suffisait pas, les auteurs se per­mettent aussi de situer leur action en pleine uchronie, alors qu’une menace de météorite – supposée entrer en colli­sion avec la Terre – sert de catalyseur à l’exploration spa­tiale, rendant possible une arrivée sur Mars dans les années 1990. À vrai dire, ces passages prenant place au XXe siècle, s’ils restent passionnants, sem­blent un peu déconnectés du reste du roman, et de ce fait un brin superflus. Mais, pour les visions dantesques que nous offre ce livre, pour les réflexions sur la nature hu­maine, l’avenir de l’humanité, pour l’hommage / héritage clarkien respectueux et opti­miste, ces Chroniques de Méduse sont une pièce de choix dans les bibliographies respectives de Reynolds et Baxter.

Janus

Cinq ans à peine après L’Espace de la révélation, Alastair Reynolds publie son sixième roman, Pushing Ice. Traduit en français sous le titre Janus, il possède tous les traits caractéristiques, qualités et défauts, qui marquent l’œuvre de l’auteur dans les débuts de sa carrière littéraire. Il y fait ce qu’il sait alors le mieux faire : reprendre à son compte les tropes du space opera et pous­ser plus loin que ses prédéces­seurs l’aventure humaine à tra­vers l’espace.

Nous sommes dans le Systè­me solaire, aux premiers jours de son exploration minière par l’humanité. La petite lune Janus, qui jusqu’alors orbitait paisi­blement autour de Jupiter, surprend tout le monde en déci­dant sans prévenir de prendre la tangente, et fonce en di­rection de la constellation de la Vierge. Vaguement aba­sourdie, l’humanité décide de se lancer à sa poursuite pour l’étudier. Le seul astro­nef suffisamment proche pour accomplir la mission est le Rockhopper, un pousseur de glace, autrement dit un engin minier qui habituellement récolte des comètes gelées. Il n’a que quelques semaines pour rattraper Janus, l’étudier de près, puis rentrer à la maison avant qu’il ne soit trop tard. Janus, qui se révèle être un vaisseau extraterrestre en apparence inhabité. La première partie du roman fait le récit d’une aventure scientifi­que qui n’est pas sans rappeler le Rendez-vous avec Rama d’Arthur C. Clarke, avec ses meilleurs atours de hard SF. Mais Alastair Reynolds pousse, et embarque ses person­nages dans un voyage qui changera l’humanité. Le Rockhopper est happé par le champ de la lune et se voit embarqué avec elle vers sa lointaine destination. À bord, les tensions déchirent rapidement l’équipage et différents clans s’affrontent autour de l’opposition entre le capitaine du vaisseau, Bella Lind, et l’ingé­nieure Svetlana Barseghian, qui soupçonne la compagnie propriétaire du Rockhopper de les avoir sacrifiés. Une mutinerie éclate, le vaisseau se pose sur Janus, et une colonie s’y établit dans l’espoir de survivre au long voyage involontaire. Commence alors la chronique d’une petite communauté humaine à la dérive, à la manière de tant de récits d’arches interstellaires qui ont fait l’histoire du genre. Mais Alastair Reynolds pousse en­core, et mène ses personnages à destination. Dans la troisième partie, l’humanité va se confronter à l’altérité d’autres formes de vie intelligentes, mais pas toujours amicales.

Avec Janus, Alastair Reynolds donne à lire une aventure scien­tifique et spatiale de haute vo­- lée qui ne peut que ravir les amateurs de space opera mâ­tiné de hard SF. Si le roman se montre très linéaire dans son déroulement et assez pauvre dans le développement psy­chologique de ses protago­nistes, il met le paquet sur le sense of wonder, qualité que l’on attend dans ce type de récits. Surtout, il embarque de tout à son bord. De l’action, de la science, des drames humains et des formes de vie exotiques et originales. On aurait tort de bouder son plaisir.

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